Jeune réalisateur liégeois, Karim Ouelhaj nous livre ici un véritable brûlot cinématographique rageur et sans concession, par ailleurs sélectionné à la Mostra de Venise dans le cadre de la « Journée des Auteurs ». Ce cinéaste est par ailleurs l’auteur d’une dinguerie intitulée « Frank Shinobi : An Experimental Musical Movie », et « Demain j’arrête » [note de l'auteur : retitré par la suite "Le repas du singe"] est son prochain long-métrage, actuellement en phase de post-production. Ce type de cinéma, malheureusement trop rare en Belgique, vaut résolument le détour.
Sarah, Héléna et Axelle tentent, au jour le jour, de survivre dans les rues de Liège. La prostitution est leur seul moyen de subsistance, et la présence de Zacharie, souteneur possessif et violent de Sarah, n’est pas pour arranger les choses…
Que dire de ce film, si ce n’est qu’à l’instar de ses protagonistes, rien ne nous sera épargné, à nous spectateurs. Ouelhaj filme le quotidien de ces trois femmes en dénonçant une terrible machinerie qui broie les individus comme de vulgaires fruits mûrs (une séquence de viol est à ce titre parmi les plus éprouvantes de toute l’histoire du cinéma !). Le tapin est montré ici comme un engrenage dépersonnalisant à l’extrême, dans lequel, malgré tout, nos trois courageuses jeunes filles parviennent à garder une certaine forme d’espoir. Face à un système sans âme, une rage mêlée de tristesse nous saisit le cœur à la vision de ce film, malheureusement peu diffusé en Belgique lors de sa sortie. Quand ça arrive près de chez nous, beaucoup de gens ne veulent pas trop savoir…
(cette critique est parue dans le mensuel satirique liégeois "Le Poiscaille" de novembre 2011 : www.lepoiscaille.be )