Je commence à prendre goût au cinéma d'Ulrich Seidl, notamment parce qu'il arrive à trouver de superbes sujets. Je crois qu'il est plutôt spécialisé dans les documentaires, c'est d'ailleurs avec son film "sous-sols" que je l'ai découvert, mais j'ai vraiment préféré "amour".
Dans les 2 films, le réalisateur ne juge pas, dans "sous-sols", il filme quasiment exclusivement en plan fixe, sans variation, comme s'il cherchait à faire disparaître sa présence. En posant la caméra de cette façon, Seidl laisse vivre son sujet et ça donne l'impression de voir du vrai. Toutefois j'avais quelques reproches pour son film "sous-sols", déjà je trouvais qu'on ne restait pas assez longtemps avec les sujets, mais surtout, on ne voyait pas le monde extérieur, on ne voyait pas de personnages normaux. Et donc, on se retrouvait avec ces personnages complètement marginaux, dans leurs obsessions, et leurs activités étranges, sans les voir confronté à la vie de tous les jours, aux gens de tous les jours. Finalement, ça les rendait plus fou que ce qu'ils étaient.
Dans "Paradis : Amour", c'est bien mieux. Encore une fois, Ulrich Seidl nous filme quelque chose qui sort de l'ordinaire, et c'est fascinant à voir, parce que le film fonctionne vraiment bien, paraît très vrai.
Déjà parce qu'on a à peu près la même mise en scène qu'avec "sous-sols", donc j'avais parfois l'impression de voir un documentaire, malgré que tout ça soit une fiction. C'est-à-dire qu'on a une caméra qui se fait oublier, qui filme avec très peu de variation, qui garde toujours une certaine distance avec les personnages, qui ne les juge pas.
Ensuite, contrairement à "sous-sols", on reste beaucoup plus longtemps avec notre sujet, et cette fois-ci, le monde extérieur nous est montré, et donc tout ceci permet de mieux développer et comprendre les personnages.
En fait, le film est assez impressionnant parce qu'il paraît très vrai. Je veux dire, on a quand même une quinquagénaire Autrichienne qui va au Kenya pour trouver l'amour, et ces Kenyans qui recherche une sugar mama pour vivre. Et franchement, il y a de nombreuses scènes dans le film que je ne pensais pas voir un jours dans un film.
Et pourtant, malgré ces situations malaisantes, malsaines, et surtout complètement absurdes, tout ça semble si vrai, si naturel. On a vraiment l'impression que les acteurs jouent leur propre rôle, et c'est probablement le cas. Je pense qu'en amont, Ulrich Seidl a beaucoup analysé les rapports humain sur cette station balnéaire du Kenya, et qu'il n'a pas essayé d'écrire ses personnages, mais plutôt de retranscrire ce qu'il a observé, et de piocher ses acteurs à la source.
C'est ça qui rend le film si bon, c'est-à-dire qu'on a un sujet délicat, des femmes vieillissantes, dont le corps est marqué par la vie, par le temps, et qui, pendant un séjour, vont au Kenya, chercher de l'amour. Elles aimeraient qu'on les considère pour ce qu'elles sont, et non pas juste pour leur corps, mais en même temps, elles objectivent le corps des Kenyans. Puis, il y a ces Kenyans qui voient dans ces touristes blancs un moyen de se faire de l'argent, alors ils sont prêt à harceler, à mentir pour arriver à leur fin.
On a donc des situations complètement absurdes, où tout n'est pas blanc ou noir, et où Ulrich Seidl ne cherche pas à nous faire la morale, mais juste à nous montrer du vrai, aussi absurde soit elle.