Ca y est, j'ai fini la trilogie Paradis de Seidl. Et, à nouveau, une déception pour ce film, celui que j'attendais le plus de la trilogie. Je l'ai tout de même préféré à Paradis : Espoir, ce film possède des qualités certaines, notamment sur la forme, mais je n'ai pas réussi à rentrer dedans.
J'aime les films sur la Foi, sur Dieu, la religion. Et ici, je n'ai pas vu de beauté de la Foi, bon ce n'est évidemment pas ce que recherche le metteur en scène (qui est plus dans la critique de l'intégrisme catholique, les méfaits de la Foi sur l'être humain, rendant le film tout de même assez pessimiste), qui, ici, reste tout de même dans une certaine neutralité, Seidl est plus dans le constat. Mais ce que j'aime justement dans les films sur la « Foi », ba c'est justement d'être touché par la Foi du personnage, comme dans Journal d'un Curé de Campagne, dans Hadewijch ou encore dans Thérèse. Bon, après il est évident que les motivations de Seidl diffèrent de celles de Bresson, de Cavalier ou de Dumont. Mais le film me paraît du coup moins fort, dans le sens où la « Foi » ne touche pas plus que ça, il est difficile de s'identifier à cette femme, celle dont j'ai du mal à comprendre la Foi en fait, à vouloir rester dans cette neutralité, je trouve que Seidl va là où il ne voulait justement pas aller : c'est-à-dire que je trouve la Foi du personnage d'une grande stupidité pour être honnête, et le personnage est peut-être trop entier pour moi. Il n'y a pas de réel réflexion sur Dieu dans ce film finalement, ça reste plus dans le cadre humain (ce qui peut être intéressant aussi), les conséquences de la Foi sur certaine personne, comme ce personnage, qui est frustrée sexuellement et trouve refuge dans la Religion. Mais le côté religieux m'a paru trop entier, je ne pense pas que Seidl juge ces personnages dans ce film, mais c'est un peu ce que j'ai ressenti, on dirait presque un réquisitoire anti-foi, et je ne pense pas que ça soit la motivation du metteur en scène.
Par exemple, prenons cette scène, où le personnage (Anna, je crois) discute avec ce couple sur les 10 commandements, et qu'elle pousse ce couple à respecter ces 10 commandements, qu'elle parle du repentir, et bien je trouve que cette scène manque de subtilité, notamment dans son écriture, les dialogues me paraissent trop simplistes au vu du sujet traité par Seidl, presque caricatural.
Pareil pour cette scène où Anna assiste à une orgie accidentellement, c'est une scène que je ne trouve pas si marquante que ça, trop peu subtile, à vouloir trop choquer je trouve que Seidl se perd un peu dans son propos, qui devient un peu trop facile je trouve quelque part.
Puis je n'ai pas ressenti la communion entre Dieu et le personnage, ce qui est embêtant pour un film de Foi, même si Seidl dans ce film est plus dans le constat, je ne pense pas qu'il essaye de faire quelque chose de beau sur la Foi de ce personnage (ou alors, me concernant, c'est râté). Sa Foi ne m'a à aucun moment toucher.
Bon, comme je l'ai dit, le film a évidemment des qualités, et là où c'est fantastique, c'est évidemment sur la forme. C'est magnifique, et là pour le coup, ça sert brillamment le fond.
On a tout d'abord, comme d'habitude, ce cadrage et cette photographie exceptionnelle, très rectangulaire, où Seidl use du plan fixe tout au long du film. Seidl a un côté très géométrique dans son sens du cadrage (ses plans de face ou de dos, où le personnage, situé au milieu du plan, occupe plus ou moins beaucoup d'espace, cela varie). Et ce sens du cadrage extraordinaire donne au film un ressentit particulier ; tantôt une sensation d'oppression total, comme si le spectateur était enfermé dans le film de Seidl et ne pouvait en sortir, une sensation d'étouffement, tantôt une sensation d'immensité, renforçant le côté « prisonnier » que le spectateur peut ressentir (tout cela varie en fonction de la place occupée par le personnage situé au centre du plan fixe). Tout ça, le plus souvent, dans un total silence. Et ça c'est très fort, Seidl arrive vraiment, avec sa formidable mise en scène, à créer le malaise, là où il avait échoué, selon moi, dans Paradis : Espoir. Seidl maîtrise également très bien les jeux de lumières, qui ont une importance considérable dans le film, et sa direction d'acteur est toujours impeccable.
Ce que je reproche surtout au film quelque part, c'est une certaine pauvreté au niveau des dialogues, un certain manque de subtilité au vu du sujet traités, et des personnages beaucoup trop entiers, en qui j'ai un peu de mal à croire, malgré leur très bon jeu.
Seidl est bien plus puissant dans le non-dit finalement.