Paradise Lost
5.3
Paradise Lost

Film de John Stockwell (2006)

Dans la longue lignée des films avec de jeunes touristes américains qui se font emmerder par ces salauds d'étrangers, "Turistas" n'a pas grand chose pour se démarquer. Si ce n'est qu'il porte la signature de John Stockwell, un réalisateur visionnaire qui a compris l'incroyable puissance du medium cinématographique et qui s'en sert donc généralement pour filmer le cul de ses actrices sous tous les angles imaginables. Après avoir pourtant montré un joli potentiel grâce notamment à deux pellicules plutôt sympathiques ("Cheaters" et "Crazy/Beautiful"), le voilà donc devenu cador du bikini movie.


La formule évolue un peu dans "Turistas", puisque Stockwell se lance dans la vague des thrillers gore en surfant sur le succès du navrant "Hostel". Le scénario ne réinvente évidemment pas la poudre : creux, vain et boursouflé de clichés, il n'aspire qu'à procurer un frisson rapide à des spectateurs pas trop regardants. Dès les première minutes, on sait déjà qui va survivre et qui va subir les foudres de l'hospitalité locale. Mais il faut dire que la réalisation efficace, à défaut d'être inspirée, aide pas mal à rester attentif. Car il faut de la patience pour suivre ces personnages inintéressants au possible dans leurs aventures qui sentent fortement le déjà vu. Stockwell rend une copie propre faute de mieux, et s'il ne fait preuve d'aucun talent particulier pour l'angoisse, il y a quand même une ou deux scènes sympatoches à se mettre sous la dent.


Sur le fond, subsistent quelques détails irritants mais malheureusement coutumiers dans ce genre de productions. On se farcit évidemment une bonne louchée de lieux communs plutôt insultants pour les Brésiliens. Dans le propos, "Turistas" propose ainsi 89 minutes de stupidité ordinaire pour 1 minute de lucidité sur l'exploitation du Brésil par les occidentaux. Sinon, pour résumer, le Brésil c'est la jungle partout, les Brésiliens sont des voleurs, des tueurs, des drogués et des folles du cul, et les Anglais ne se considèrent pas comme des Anglais mais comme des Européens (M.D.R.).


Pour le reste, les acteurs sont d'un niveau assez correct, mais difficile de fermer les yeux sur toutes les tares de ce film bête, moche et lesté d'un méchant parfaitement ridicule. On se consolera avec les quelques calembours dissimulés sur la jaquette, comme par exemple ce magnifique "Un film qui va vous prendre aux tripes" (no comment). Et on saluera l'humour du comité de sélection du Festival de Gérardmer, pour avoir accepté de classer "Turistas" dans le genre fantastique.

magyalmar
3
Écrit par

Créée

le 27 août 2017

Critique lue 400 fois

magyalmar

Écrit par

Critique lue 400 fois

D'autres avis sur Paradise Lost

Paradise Lost
candygirl_
2

Les voleurs de reins

Après avoir découvert Les Grands Fonds, réalisé en 1977 par Peter Yates, j'ai eu l'envie de jeter un œil sur son remake intitulé Bleu D'Enfer, mis en scène par John Stockwell. En attendant, possédant...

le 20 oct. 2023

6 j'aime

Paradise Lost
pierrelacoste1
6

Hostel version soft

Vendu comme un nouveau filmde torture à la Hostel, Paradise Lost est en fait un thriller solide, plus porté sur la tension que sur le gore. Les scènes sanglantes sont en effet peu nombreuses, le long...

le 6 oct. 2013

3 j'aime

Paradise Lost
sharghan
6

Critique de Paradise Lost par sharghan

Un film d'horreur, ou disons plutôt un thriller dépaysant se déroulant au Brésil... jolies filles... mer turquoise... lagunes et cascades... et trafic d'organes !! L'histoire se suit avec intérêt, la...

le 30 oct. 2012

1 j'aime

Du même critique

L'Argent
magyalmar
1

Compte dormant

Sans doute fatigué de pondre des drames chiants pour neurasthéniques masochistes, Robert Bresson s'est surpassé afin de nous offrir son ultime chef d'oeuvre, une parabole de science-fiction sous...

le 26 mars 2018

31 j'aime

6

Les Désaxés
magyalmar
5

Huston, le monde Huston

Honnêtement, je pense qu'Arthur Miller aurait pu broder une merveille de scénario en se contentant de la dernière scène dans le désert du Nevada, où tout est dit. Après tout, un bon exemple vaut...

le 2 avr. 2016

23 j'aime

2

Le Guerrier silencieux - Valhalla Rising
magyalmar
1

Alors c'est ça l'enfer

Refn est un sacré déconneur. Le défi de départ était excitant : écrire un scénario en 5 minutes. Malheureusement Nicolas dut se rendre à l'évidence. Ecrire plus de deux pages en 5 minutes c'est pas...

le 4 janv. 2014

20 j'aime

1