Dans la longue lignée des films avec de jeunes touristes américains qui se font emmerder par ces salauds d'étrangers, "Turistas" n'a pas grand chose pour se démarquer. Si ce n'est qu'il porte la signature de John Stockwell, un réalisateur visionnaire qui a compris l'incroyable puissance du medium cinématographique et qui s'en sert donc généralement pour filmer le cul de ses actrices sous tous les angles imaginables. Après avoir pourtant montré un joli potentiel grâce notamment à deux pellicules plutôt sympathiques ("Cheaters" et "Crazy/Beautiful"), le voilà donc devenu cador du bikini movie.
La formule évolue un peu dans "Turistas", puisque Stockwell se lance dans la vague des thrillers gore en surfant sur le succès du navrant "Hostel". Le scénario ne réinvente évidemment pas la poudre : creux, vain et boursouflé de clichés, il n'aspire qu'à procurer un frisson rapide à des spectateurs pas trop regardants. Dès les première minutes, on sait déjà qui va survivre et qui va subir les foudres de l'hospitalité locale. Mais il faut dire que la réalisation efficace, à défaut d'être inspirée, aide pas mal à rester attentif. Car il faut de la patience pour suivre ces personnages inintéressants au possible dans leurs aventures qui sentent fortement le déjà vu. Stockwell rend une copie propre faute de mieux, et s'il ne fait preuve d'aucun talent particulier pour l'angoisse, il y a quand même une ou deux scènes sympatoches à se mettre sous la dent.
Sur le fond, subsistent quelques détails irritants mais malheureusement coutumiers dans ce genre de productions. On se farcit évidemment une bonne louchée de lieux communs plutôt insultants pour les Brésiliens. Dans le propos, "Turistas" propose ainsi 89 minutes de stupidité ordinaire pour 1 minute de lucidité sur l'exploitation du Brésil par les occidentaux. Sinon, pour résumer, le Brésil c'est la jungle partout, les Brésiliens sont des voleurs, des tueurs, des drogués et des folles du cul, et les Anglais ne se considèrent pas comme des Anglais mais comme des Européens (M.D.R.).
Pour le reste, les acteurs sont d'un niveau assez correct, mais difficile de fermer les yeux sur toutes les tares de ce film bête, moche et lesté d'un méchant parfaitement ridicule. On se consolera avec les quelques calembours dissimulés sur la jaquette, comme par exemple ce magnifique "Un film qui va vous prendre aux tripes" (no comment). Et on saluera l'humour du comité de sélection du Festival de Gérardmer, pour avoir accepté de classer "Turistas" dans le genre fantastique.