Mon oncle.
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Décidement, Del Toro va jouer toutes les grandes figures d'amérique latine du XX° siècle. Après ce film, impossible de ne pas se l'imaginer en Maradona bedonnant, barbu et coké enseveli sous des pendentifs et gris gris pieux, chapelets et colliers mariaux.
Le film commence mal, très mal : on se tape l'inévitable flash forward comme invitation à entrer dans l'histoire, on est tout de suite présenté à Pablo, au héros (un sous-Frodon) et à son frère. On fait très vite connaissance avec la shaky cam très shaky (il faut attendre 15-20 minutes pour un plan qui ne tremble pas c'est IN SUP POR TABLE) et la photo médiocre. La Colombie putain
Je sais que Medellin n'est pas Cartagena mais bordel, y a quand même des belles choses à montrer : des églises blanches, des gueules burinées, de la forêt luxuriante et même la mer! Et puis sans tomber dans la carte postale, filmer la ruralité dans un pays encore assez pauvre est l'occasion de développer une belle esthétique. Ici, je la trouve indigente.Toutes les scènes de la jungle sont tournées sur la même surface de 200m² à tout casser, une jungle qui débouche sur une belle plage impeccable ; les scènes tournées en village sont moyennement convaincantes avec une mention spéciale pour celui d'Itouango : on avait un beau marché du village, l'occasion de nous faire un montage haché-décalé gwada à la "cité de Dieu". De toute évidence, le budget n'a pas été mis sur la photo et c'est vraiment dommage.
Malgré l'ambition d'authenticité avec les décors, les prières, les affiches politiques, le film porte vraiment la patte oncle Sam en Colombie : à tel point que l'héroïne le dit tel quel d'entrée. On a droit à d'affreuses scène-clichés comme le contact entre le héros et son local campesino : "listen to me martin YOU'VE GOT TO LISTEN TO ME BOUHOUHOUH", l'adoubement du héros par Escobar etc.
Le montage est assez elliptique et n'aide pas à installer l'ambiance. Il y avait une super carte à jouer mais on n'y croit qu'à moitié. Même les westerns carton pâte de spaghetti et compagnies savaient mieux restituer une atmosphère particulière : faut dire qu'ils prenaient le temps
Il y a l'héroïne dont je n'ai pas vérifié l'origine mais je suis prêt à parier que c'est une bonne porto-ricaine pur jus [1]. Du coup, on a du mal à déceler le métissage propre à la société colombienne et on y croit pas du tout. Quant à la femme d'Escobar, a-t-elle déjà voyagé plus au sud de Miami?
Beaucoup d'amateurisme et de naïveté sur les plans, les dialogues (et notamment le personnage du frère du héros).
C'est un film sur la perte d'innocence. Après Midnight Express, après Into the wild et tant d'autres films, il vient nous rappeler à nouveau qu'hors du sol américain point de salut. Le coeur du film, le hiatus entre la bonhommie et l'esprit familial d'Escobar et la cruauté de ses méthodes, est bien traité. On tremble quand on apprend que des exactions lui ont été attribuées, et on espère sincèrement que le héros arrivera à s'en sortir sans tuer quelqu'un et puis qu'il rentrera à la "maison" (comme au chat-perché) et de ce point de vue là, le film remplit son contrat. La mise en place du climax est cependant maladroite, mal dosée et ce Pablo Escobar ne me convainc décidément pas : il lui manque une dimension un peu sauvage, imprévisible qui viendrait faire écho à l'absence de lois dans la jungle. Il ne fout pas assez les boules !
Film moyen à tous les plans : si vous voulez un beau film dans la jungle, il y a mieux ; un bon thriller, il y a mieux ; un film mettant en scène Del Toro qui joue une figure historique, je crois qu'il y a également mieux.
[1] Après vérification elle est espagnole... CQFD
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Créée
le 29 oct. 2014
Modifiée
le 30 oct. 2014
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