Un survival bête et méchant, sans plus.
Faire un film sur Pablo Escobar ? Pourquoi pas. L'histoire hors norme de ce grand baron de la drogue a le potentiel pour faire un putain de bon film. On pourrait avoir droit à une magnifique fresque mafieuse, violente et épique; un portrait intime de ce personnage multiple et complexe, ou même un regard porté sur la Colombie de cette époque et de la place qu'occupe Escobar dans l'histoire du pays. Tant de possibilités s'offraient à nous, il y avait vraiment moyen de s'écarter des sentiers battus du biopic, histoire de réaliser un vrai film sincère, touchant et profond. Mais....(SPOILERS !)
Malheureusement il y a erreur sur la marchandise. Paradise Lost n'est en rien un film sur Pablo Escobar. Le film se centre uniquement sur Nick, le neveu par alliance de Pablo et se propose de nous raconter sa désastreuse mésaventure avec ce dernier. Pablo n'est en réalité que le méchant de l'histoire, celui qui cherche à nuire à notre héros. Aussi, bien qu'il soit un élément important de l'intrigue, il apparaît comme étant secondaire dans son propre film. On a bien entendu un protagoniste avec une personnalité et une psychologie qui sont certes montrées, mais on apprend finalement pas grand chose sur l'homme qu'il a été et sur ce qu'il a vécu. C'est extrêmement décevant parce que le réal avait un personnage en or et un acteur de talent pour lui donner vie (Benicio, très crédible dans le rôle titre), au final, l'histoire qu'il nous livre est certes véridique mais n'a rien d’exceptionnelle et si on remplacer Escobar par n'importe quel trafiquant fictif, le film en devient encore plus bancal.
Néanmoins, évitons de cracher sur notre long-métrage pour ce qu'il n'est pas et concentrons nous uniquement sur le résultat final. D'emblée le film débute par quelque chose qui devient omniprésent dans les productions actuelles : Il commence en plein milieu de l'histoire, avant de repartir dans le passé 10min plus tard. C'est une méthode qui me gave de plus en plus à chaque fois que je vois un film l'appliquer. Surtout que là c'est clairement fait exprès pour indiquer aux spectateurs : "Eh les gars, partez pas tous de suite, je sais le début est à chier mais rassurez vous, y'a une bonne intrigue qui vous entend dans pas longtemps faites moi confiance !
Donc on attends, on prend notre mal en patience parce que franchement c'est difficile de tenir le coup lors de la première partie.
Car comme je vous l'ai dit, Pablo n'étant que le méchant de l'histoire, on est donc obligé de passer beaucoup de temps en compagnie de Nick et Maria qui font office de héros, et mon dieu que ces deux tourtereaux sont chiants !! Je n'ai pas réussis à éprouver le moindre attachement pour leur couple une seule seconde tant cela puait le fake a des kilomètres. Déjà leur romance est très mal écrite. A aucun moment on n'arrive à comprendre ce qui les lient, l'un à l'autre. Nick la dragouille parce qu'elle est bonne et Maria répond à ses avances parce que...Il est drôle ?......enfin pour elle en tous cas. Et c'est tout. Le reste du temps ils n'arrêtent pas de se dire qu'ils s'adorent et ne peuvent vivre l'un sans l'autre, mais voilà, t'y crois pas une seconde. On ne fait que nous divulguer l'information sans jamais se démerder pour nous la faire ressentir. Et comme les amoureux ont en plus le malheur d'être interprétés par de piètres comédiens, cela donne un couple trop artificiel et forcé qui sonnent faux durant tout le film.
Mais c'est surtout le déroulement de cette première partie qui se trouve être l'épreuve la plus délicate à traverser. En effet, Nick fait bientôt la connaissance de Pablo Escobar, l'oncle de Maria pour qui elle éprouve une affection toute particulière. En bon tonton richard et aimant qu'il est, Pablo prend alors les deux tourteaux sous son aile en les logeant dans sa luxueuse demeure et en offrant un emploie à son neveu par alliance. Seulement Nick ne va pas tarder à se rendre compte qu'Escobar est en réalité un dangereux trafiquant de drogue, ayant souvent recours à des moyens peu orthodoxes pour régler ses problèmes. N'ayant pas le courage de prendre ses clics et ses clacs au risque de perdre l'amour de sa vie, le canadien vie comme si de rien n'était jusqu'au jour où tonton Pablo est recherché par un immense sommet anti-drogue. Devenant un témoin trop gênant, Nick est alors entraîné dans un traquenard dont il va devoir s'extirper pour tenter de sauver sa vie. Bon j'ai utilisé beaucoup de mots pour pas grand chose mais au final, vous voyez bien qu'il ne se passe pas énormément de péripéties. C'est limite de l'exposition avant que la véritable intrigue du film ne puisse démarrer. Et pourtant ça dure, c'est long, ça n'en finit pas....On passe plus de la moitié du long-métrage à s'attarder sur une introduction qu'on aurait pu résumer tellement plus vite ! Au lieu de ça, on a de longues scènes qui semblent étirées et qui s’enchaînent mollement, en grande partie guidées par des comédiens dans le surjeu le plus total. C'est si lent et sans vie que mon père a piqué du nez à ce moment là. Un sommeil de plomb dont il a été difficile de le sortir.
C'est dommage, toute cette partie aurait pu être intéressante. Mais tel que c'est raconté, c'est juste de l'exposition. Parce qu'en réalité on s'en fous de l'histoire d'Escobar. Tous ce qui intéresse le réal, c'est les répercutions que cela entraient sur Nick. Ce qui explique que la suite soit beaucoup plus intéressante.
Car effectivement, une fois avoir franchit le cap de la chianteur intersidérale, le film prend une toute autre torture, Cessant d'être un mélo ennuyeux pour devenir un survival ultra classique, très prévisible, mais étonnamment assez efficace. On arrive sans problème à se sentir investit pour le personnage principal, on n'a pas envie qu'il zigouille ce paysan car on comprend ses remords et sa culpabilité, et quand Nick doit parvenir à échapper aux hommes d'Escobar on est à 200% derrière lui, à suivre la moindre action de sa course poursuite avec appréhension. Ce sont des moments où on ne s’ennuie absolument pas et ça c'est dû à l'excellente mise en scène d'Andrea Di Stefano, parfaitement adaptée aux situations qu'il illustre et regorgeant de petites astuces pour nous impliquer émotionnellement le plus possible dans cette course poursuite effrénée. Même Pablo qui apparaît encore au second plan parait moins fade qu'auparavant. Le réalisateur nous montrant un homme affaiblit et rongé par le regret même si il ne laisse rien paraître et continu à diriger ses montreuses opérations d'une main de fer et avec une cruauté sans limite. J'ai également beaucoup apprécié le dénouement finale qui, non content de ne pas se terminer par un happy-end mielleux, a aussi le mérite d'être livré avec beaucoup de maîtrise et de justesse. Je suis persuader que si j'avais pu réussir à m'attacher à ces personnages j'aurais été ému de leur destin funeste.
Donc incontestablement Andrea Di Stefano est un réalisateur plutôt talentueux qui je pense a pas mal d'avenir dans le métier, d'autant que ce n'est à la base qu'un comédien et qu'il s'agit ici de sa toute première réalisation. Malheureusement en tant que scénariste il ne vaut pas grand chose. Je veux bien croire que cette histoire du mec étranger qui s'est retrouvé malgré lui dans ces affaires de drogue uniquement par amour est pu le toucher, au point de vouloir baser son récit uniquement sur ce personnage un peu oublié dans la grande épopée de Pablo Escobar. Pourquoi pas ? Là aussi on a du potentiel, le soucis c'est que Di Stefano n'arrive pas à rendre cela intéressant. Son inexpérience en matière de scénariste se fait sentir. Ses personnages sont tellement mal développés que leur amour parait bien trop artificiel pour qu'on puisse y croire 2 secondes, rendant notre attachement pour ses personnages quasi impossible. Son récit est également très mal dosé, tant sa première partie se résume à de l'exposition longue et chiante. Il n'est en fait bon que dans sa seconde partie, lorsqu'il se décide à être un simple survival bête et méchant. Cette partie là est plutôt réussit dans le sens où elle m'a bien divertit mais voilà, ça vole pas haut et compte tenu de ce que l'oeuvre se proposer de raconter ça fout quand même un peu les boules non ?
PS: J'ai pu constater avec joie que le petit Brady Corbet a bien grandit depuis Myterious Skin et qu'il avait maintenant la voix de Florent Dorin en français ^^