Enfin, je l'ai vu. J'ai mis le temps, mais si je l'avais vu plus tôt, je n'aurais pas regardé ce film en sachant qu'il a remporté la récompense la plus prestigieuse à Hollywood. Oui, cela fait drôle de regarder un film sud-coréen en se disant que c'est l'Oscar du meilleur film 2020. Je ne sais pas si c'est pour se faire pardonner plus d'une décennie à récompenser des œuvres qui manquent d'envergure, quand elles ne sont pas carrément mauvaises pour certaines, mais là, c'est de l'audace.
Bon, c'est bien beau l'audace, mais cela ne sert à rien si le résultat est de couronner un film médiocre ou moyen. Mais là, on s'en tape, puisque Parasite est une réussite absolument magistrale.
Bong Joon-ho, même pour ses films les moins estimables, est un cinéaste qui ne m'a jamais paru inintéressant. Mais je crois qu'avec ce film, il n'a jamais été aussi captivant. Oui, on dépasse même Memories of Murders, ce qui n'est pas une mince affaire. Il est vraiment dans la cour des grands et à titre définitif.
Je n'ai pas vu du tout passer les plus de deux heures de l'ensemble, de ce mélange magistral de drame psychologique, de thriller et de comédie (très) noire. On aurait pu craindre que cela donne quelque chose qui vire, lorsque éclate la violence, dans le grand-guignolesque, reproche que de nombreux films sud-coréens méritent qu'on leur fasse. Pas celui-ci, clairement pas celui-ci, l'intrigue est tellement bien construite, les personnages tellement bien composés, que tout paraît totalement couler de source, sans être jamais prévisible.
On ajoute une mise en scène (décors, cadrages, photographie, symbolisme, etc. !) aux petits oignons, où il ne manque pas un seul détail intelligent, et une distribution absolument parfaite pour cette vision puissante, cruelle et sans concession du fossé entre les classes sociales (oui, je ne pense pas que cela vaille le coup de préciser qu'il s'agit d'une satire sociale et, de toute façon, vous avez vu le film avant moi, donc... !), où les pauvres sont médiocres parce qu'ils veulent vivre comme les riches et où les riches sont médiocres parce qu'ils vivent comme les riches, et on a un véritable joyau.
Mais qu'est-ce qui a pris aux Oscars de récompenser l'excellence, le meilleur du cinéma, celui qui fait comprendre pourquoi on aime le septième art ?