Klapisch doit traverser une crise existentielle ? La non reconnaissance de la critique ou des professionnels sur son œuvre provoquerait-elle un doute sur ses qualités et ses spécificités d’auteur à tel point qu’il lui faut se réfugier derrière le cinéma d’un autre ? Il est vrai que dans ce cas, il n’est pas tout à fait isolé parmi la jeune génération des cinéastes. Beaucoup d’en eux se mettent à lorgner du côté des maîtres usant de référence ou de leurs tics. C’est plutôt réussi chez Honoré par exemple. Tout en conservant son style et une approche propre, il s’inspire d’un univers Demy revisité. C’est nettement plus contestable chez Kaplisch qui lorgne du côté de Claude Lelouch ici. On se souvient de « Peut-être » qui affichait déjà la même intention, mais ici le réalisateur va plus loin, il plagie. Caméra planante léchant tous les coins de Paris, une foison de personnages aux destins ordinaires qui se croisent, l’improvisation poussive et des longueurs épouvantables. Si parfois Lelouch se plante, force est de reconnaître que la plupart du temps il sait donner à ses héros simples une vraie dimension humaine qui touche, et manie ses plans avec ruse et dextérité. Klapisch lui en reste au stade du grand n’importe quoi… A peine une scène commence à nous toucher qu’elle est fusillée par une série d’artifices inutiles et passablement bébêtes. Il faut ajouter à l’ensemble une bonne dose de vulgarité non intentionnelle mais omniprésente. A ce jeu de massacre, les comédiens ne sont pas les mieux lotis, seuls le duo Binoche / Duris permet parfois d’accrocher, mais leur histoire reléguée au second plan est noyée par tout le reste nettement plus indigeste. Et l’on se pose la question suivante ? Qui est à la mise en scène ? Pas moyen de retrouver la verve de « Chacun cherche son chat », la malice des « Poupées russes », la profondeur du « Péril Jeune ». Kaplisch invente ici le film « générique », qui une fois administré peut provoquer chez certains spectateurs, dont je suis, un épouvantable rejet.