Coincé à Paris durant le mois d'Aout alors que sa famille part en vacances, un vendeur de la Samaritaine va rencontrer une jeune touriste anglaise pour qui il va avoir le coup de foudre, et le début d'une fol passion.
Comme beaucoup de personnes, je connaissais la chanson-titre, qu'on entend d'ailleurs à la fin du film, que l'histoire qui en avait été tirée. Il y a quelque chose de l'ordre de la parenthèse enchantée qui s'en dégage, pour l'un et pour l'autre une façon de s'extirper du quotidien morose, surtout lui d'ailleurs, et une manière de se prouver que l'amour peut être à nouveau là, même s'il sera forcément sans futur, chacun aura le loisir de reprendre ses activités, après ce mois d'aout paradisiaque.
Outre Aznavour et Hampshire, l'autre personnage important est sans nul doute la ville de Paris, filmée comme s'il n'y avait personne, et avec le recul du temps, il y a quelque chose d'archéologique qui s'en dégage, avec ces rues sans voitures garées, sans touristes ou presque, des bâtiments qui n'existent plus aujourd'hui... Ça ajoute quelque part à la mélancolie de l'histoire, comme si tout devait être parfait dans une histoire imparfaite à la base. D'ailleurs, le choix du noir et blanc est pertinent dans le sens où il évoque davantage un souvenir, quelque chose au passé, contrairement à la couleur.
Pour revenir sur le choix des acteurs, Charles Aznavour et Susan Hampshire (qui sera d'ailleurs la femme du réalisateur), il est là aussi excellent ; Aznavour n'a rien d'un séducteur, c'est un type ordinaire, où sa femme a laissé des tas de petits mots dans la maison pour ne rien oublier, et qui croise pour quelque temps la plus belle femme du monde. C'est vraiment de cette façon qu'est filmée, je trouve, Susan Hampshire, dont la caméra semble la dévorer du regard, comme quand ils vont au cinéma, et où la scène d'amour est filmée de façon extrêmement pudique ; le doigt d'Aznavour qui caresse un bras, une jambe, rien de plus...
La réussite du film aurait été totale si au fond, Paris au mois d'août n'aurait eu que ces deux acteurs, car je ne suis pas fan de la présence des copains d'Aznavour, dont Daniel Ivernel ou Michel de Ré. Quelque part, ça pourrait être une version française, bien avant l'heure, de Sur la route de Madison, car c'est exactement le même sujet, à savoir une passion dévorante sur un laps de temps très court.