On n'avait plus de nouvelles de Philippe Lioret depuis son beau « Le Fils de Jean », réalisé trois ans auparavant. Celui-ci nous revient directement à la télévision, ce qu'on peut toujours regretter, mais sans doute n'aurait-il pas eu la même audience s'il était sorti en salles. D'ailleurs, on y retrouve les qualités habituelles du bonhomme : subtilité, justesse, sobriété... S'il n'a pas l'air de grand-chose à première vue, « Paris-Brest » se montre finalement assez complexe dans le regard qu'il porte à ses personnages et aux relations humaines en général, notamment à travers un regard acéré sur la famille, sur lequel il se retient toutefois d'être démonstratif ou caricatural, d'autant qu'il se double d'une belle description sur la solitude, sans grands discours, mais avec une vraie sensibilité.
Au contraire (c'est peut-être ce que certains lui reprocheront), nous sommes régulièrement dans le non-dit, l'ellipse, la subjectivité, laissant libre cours aux spectateurs pour deviner l'imposant passif. Parfois un peu abrupts, les flashbacks se montrent souvent pertinents, cassant le risque de trop tomber dans une forme de routine, de platitude, tout en se montrant éclairants, notamment dans la relation que Colin entretient avec sa grand-mère, ses parents ou son ex-petite amie. Sans être la plus belle réussite de son auteur, ce « portrait de famille » parfois cinglant, assez bien interprété (les performances de Valérie Karsenti et Gilles Cohen sont notamment à saluer), fait ainsi preuve d'un tact constant et d'une grande intelligence, notamment dans la description de son héros, dont la personnalité attachante permet une identification presque immédiate. Presque trente ans de carrière, et Lioret continue son sans-faute.