On m’a d’abord présenté Wim Wenders comme étant “le plus américain des réalisateurs allemands”. Paris, Texas en est une preuve.
Au delà d’une histoire touchante où la douceur et la bienveillance règnent; au delà d’un rythme prenant sans être pressé; au delà même d’une sensibilité qui se dévoile à chaque ligne de dialogue, Paris, Texas est film qui joue sur les proportions, la grandeur et l’homme au milieu de tout cela.
Le plan d’ouverture survole les immenses canyon du Texas, étendues désertes gigantesques, avant de se recentrer sur Travis (Harry Dean Stanton), seul. Les décors cultivent une grandeur fascinante et fascinée et de nombreux plans mettent en valeur l’immensité de certains éléments durant la première partie du film. On surplombe Los Angeles et l’agitation qui y règne, mais on n’ose pas non plus prendre l’avion.
Au fil de l’histoire, alors que Travis retrouve peu à peu la mémoire, les échelles se réduisent. Le tout finit, comme en huis clos, dans une petite pièce faussement aménagée où l’on se sent tellement seul qu’il faut parler à son reflet pour que quelqu’un nous entende.
Paris, Texas a de quoi fasciner. Prendre comme cadre non pas le plus grand pays du monde mais celui qui cultive le plus la grandeur donne tout son sens à un récit qui se veut intimiste. Mais ce qui fait de cette palme d’or 1984 un réel chef d'œuvre, c’est que cette histoire se construit de plans magnifiques, riches de couleurs variées et qui évoquent souvent des tableaux de Hopper.
Paris, Texas fait voyager. Du désert qu’est devenu l’homme, on aboutit au plus profond de son âme, dans ce qui pourrait bien être le décor de son esprit. Voyager, oui, et pendant que la voiture roule, que les plans défilent, la conversation continue. Toujours bien amenée et bien écrite.
Voilà un grand film. Laissez-vous bercer par ses sublimes notes de musiques évocatrices. Entrez dans son rythme ponctué par le passage du train. Apprenez à connaître ses personnages et suivez-les dans la conquête de l’être.