Almodóvar nous transporte littéralement avec ce sublime "Parle avec elle", l'une de ses œuvres les plus douces et les plus émouvantes, les plus sensuelles et les plus réflexives, où tout semble passer par l'émotion (on y entend la plus belle musique brésilienne, on y voit des hommes qui pleurent comme nulle part ailleurs...). C'est aussi une double déclaration d'amour : à la narration, en général - ici d'une lumineuse complexité - et au cinéma, en particulier, puisque les échos hitchcockiens sont très présents dans cette histoire de retour à la vie. C'est surtout une histoire de croyance en la puissance du récit, capable de miracles, un ample chant mélancolique sur la chair et l'esprit, le désir et les sentiments, la foi et la folie, l'art et la mort, où le style - magistral - n'écrase jamais la pudeur et la finesse du propos, mais les sert et les rehausse. L'un des sommets de l'art cinématographique... [Critique écrite en 2004]