Sans déconner Sens Critique rarement une note globale de la communauté ne m'aura autant induite en erreur. Je suis tout simplement atterrée quand je lis les critiques concernant ce film, ici ou ailleurs.
Il y a tant de choses gênantes que j'avoue ne pas savoir par où commencer...
Débutons gaiement avec les personnages féminins, pour une fois ;) :
SPOILER !
Lydia, une femme qui a fait de son plaisir de massacrer des taureaux un métier finit par se faire encorner par l'un d'eux (oops). Pourquoi? Parce que c'est une femme bien sûr! Et parce qu'elle est perturbée émotionnellement par un homme qu'elle aime au moment où elle entre dans l'arène. Si le début du film insiste pour montrer la difficulté pour une femme de s'imposer dans un milieu d'homme (la tauromachie), il finit par le justifier avec ce dénouement. Lydia, personnage typique de "la femme forte" est finalement rattrapée par "sa féminité"... Premier gros cliché sexiste, donc.
Alicia, dans le coma depuis des années, doit quant à elle subir le male gaze tout au long du film. Infantilisée (le maquillage, les surnoms de la prof de danse etc), elle est montrée sous toutes ses coutures comme une poupée, un objet placé là pour le seul plaisir du regard masculin, elle est le personnage typique de la "femme enfant" vulnérable, passive.
A cette joyeuse troupe manquait bien sûr un personnage masculin, chevalier blanc, sauveur, fort, mais sentimental! J'ai nommé... MARCO !
Marco protecteur, Lydia protégée (tout comme son ancienne compagne pour qui il cesse de s'inquiéter à la seconde où elle trouve un nouveau compagnon pour veiller sur elle). Faut-il que je commente la dose incommensurable de sexisme et de stéréotypes de genre véhiculés par ces idées?
En enfin, ce bon vieux Benigno, l'amoureux transi, le violeur incompris. Parce que oui, ce film c'est avant tout l'histoire d'un viol, mais du point de vue du violeur bien évidemment, faut pas pousser non plus. Le viol n'est jamais montré, il y est euphémisé, légitimé, presque pardonné (parce que vous comprenez, Benigno est vraiment amoureux d'Alicia, ça compte pas pour du beurre ça quand même, si?... ) Le fait donc qu'on ait affaire à un viol en milieu hospitalier où la victime est dans la totale impossibilité de donner ou non son consentement et que tout cela soit vu du point de vue du violeur et pire, que celui ci soit complètement victimisé au détriment de la vraie victime n'a pas semblé choquer grand monde ici... Bien bien bien, la culture du viol a encore de beau jour devant elle à ce que je vois. Si le viol est ici condamné juridiquement, il y est minimisé au possible et on se concentre avant tout sur la souffrance de Benigno. Et tout comme Marco soutiendra son ami, le spectateur est amené à entrer en empathie avec le violeur...
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce film plus que problématique à bien des niveaux mais je vais m'arrêter là, d'autres (mais trop peu), l'ont sûrement fait bien mieux que moi.
(EDIT : cf cet article http://www.lecinemaestpolitique.fr/parle-avec-elle-et-surtout-quelle-se-taise/)
Ce film est tout simplement répugnant.