Critique publiée le 18 joctobre 2013
Benigno est un jeune infirmier qui, un soir au théâtre est placé à côté de Marco qui est journaliste. Celui-ci se met à pleurer d'émotion au détour d'un passage de la pièce qui se joue. Surpris, Benigno n'ose intervenir pour demander à son voisin le motif de cette émotion soudaine.
Quelques temps plus tard, Benigno croise, dans l'hôpital où il officie, Marco qui vient rendre visite à sa petite amie Lydia, torera professionnelle, plongée dans un profond coma à la suite d'un accident de corrida. Benigno, quant à lui, soigne et assiste exclusivement Alicia, une jeune danseuse, dont il est devenu secrètement amoureux et qui, elle aussi, se trouve plongée dans le coma à la suite d'un terrible accident de voiture.
C'est alors qu'à la suite de visites successives, les deux hommes placés face à la tragédie, vont faire plus ample connaissance et se lier d'amitié. Une certaine complicité même va s'établir entre eux. Marco et Benigno, vont tenter, malgré l'état des deux femmes, de les mettre en contact avec le faible espoir de les faire revenir dans un monde réel, mais rien n'y fait.
Envahi par l'amour et le chagrin, le jeune infirmier en plein désespoir et toujours follement épris d'Alicia à laquelle il lui fait l'amour à son insu. Quelque temps plus tard, le personnel soignant de l'hôpital se rend compte que la jeune femme n'a pas eu de règles et les soupçons se dirigent aussitôt vers Benigno...
C'est à une poignante histoire d'amour fou et d'amitié à laquelle nous convie Pedro Almodovar. Tout débute par le sort commun de deux hommes qui se rencontre par pur hasard au théâtre et qui se retrouvent dans un hôpital, au chevet de deux êtres qu'ils adorent mais maintenus artificiellement en vie.
Benigno, personnage hypersensible, il avouera à tort ou à raison avoir un penchant homosexuel, est tout dévoué à la personne d'Alicia, belle comme le jour mais inerte. Il vit et respire pour elle. Il la cajole, la soigne, l'observe jusqu'au jour où ce trop plein d'amour lui fera commettre un acte de folie mais qui pourtant semble inévitable.
Marco faisait un reportage sur Lydia, la célèbre torera à laquelle il vouait une certaine admiration. A la suite de cette interview, ils se sont revus et ont engagé ensemble une relation amoureuse qui se terminera tragiquement. C'est pourquoi les destins croisés de ces deux hommes torturés par les évènements détestables dans leurs vies sentimentales vont être entraîner dans des liens de solide complicité.
Alicia, quant à elle, enceinte d'un enfant mort-né sortira de ce long sommeil à la grande surprise de Marco. Celui-ci n'en dira rien à son ami qui, à la suite de son acte, croupit en prison. Pour celui-ci, son seul rempart, le seul être capable de comprendre cette situation dans laquelle il se trouve plongé, ne peut-être que son copain Marco.Celui-cil le préviendra par lettre qu'il va venir le voir dans sa cellule. Lorsque Marco arrivera, il sera trop tard. Benigno aura mis fin à ses jours, mort de culpabilité mais aussi des regrets de n'avoir vécu que pour un amour inaccessible.
Cette étude psychologique de deux hommes écorchés vifs, torturés par le malheur et le désespoir dans leur vie et dans leur tête est menée avec une telle dextérité et avec une telle sensibilité dans les attitudes et le dialogue, que l'on ne peut retenir son émotion devant le drame humain qui se déroule sous nos yeux. Toutes les attitudes, tous les évènements sont analysés par petites touches qui peuvent être une chanson, une larme, un mot d'amour ou un retour en arrière. De ce fait, la situation de ces êtres devient insoutenable et Pedro Almodovar laisse alors se développer un étonnant suspense au travers des évènements qui, malgré la gravité de ceux-ci, nous font comprendre, aimer et soutenir leurs auteurs en profond désarroi.
Javier Camara et Dario Grandinetti ont pris ces rôles complexes à bras le corps. Ils interprètent ceux-ci avec une ampleur dramatique extrême. Ils se sont tellement investis dans la complexité et l' ambiguïté de leurs personnages que nous recevons leurs émotions et leur situation dramatique au plus profond de nous-mêmes. Leonor Watlin, la jeune danseuse, et [Rosario Flores]6, la torera, personnages déclencheurs de ces flots de passion et de larmes, se montrent tout à fait convaincantes et touchantes dans leur infortune.
Pedro Almodovar est le genre de réalisateur que l'on peut autant adorer que détester. Personnellement je fais partie de ses admirateurs. Toutefois, quoiqu'il en soit, ce film ne peut en aucun cas laisser insensible. Rarement les sentiments d'amour fou mêlé d'espoir et de détresse n'ont été traités avec autant de sincérité et de réalisme au cinéma. Il s'agit d'un film grave, assorti d'une brillante analyse sur le sens de la vie et la démission face à celle-ci. C'est pourquoi je considère que sur ce difficile sujet la magie a frappé et que ce film est l'une des œuvres maîtresses du réalisateur, voire du septième ar
Box-office France: 2 157 752 entrées
Ma note: 9/10