Parolier est un documentaire réalisé par Rachel Marino en 2020 et diffusé cette année dans le cadre des commémorations des 75 ans de l’immigration italienne en Belgique et plus précisément protocole belgo-italien du 23 juin 1946, accord entre les charbonnages belges et l’Italie. Pour résumer cet accord, ce sont des hommes contre du charbon… Bien évidemment, c’est plus compliqué que cela et mon propos n’est pas de revenir sur une histoire plutôt bien connue. Simplement, il faut comprendre l’impact que cela a eu sur la vie des travailleurs et puis sur celles de leurs descendants. Nous avons un bel exemple avec cette réalisatrice qui fait partie de la troisième génération d’immigrés tout comme moi. Il y a donc un questionnement autour de son rapport avec son pays d’origine, l’Italie. Autre similitude, nous avons le sentiment de peu connaître notre histoire, notre passé. Cette histoire n’est pas des plus joyeuses certes, mais il ne faut pas oublier. C’est tout l’intérêt des commémorations. Cette digression historique me ramène au cœur des propos : mon avis sur ce documentaire qui m’a personnellement touché.
Je tiens à préciser que j’ai vu ce documentaire ce mardi 20 juillet au cinéma du quartier et que la projection était unique et suivie d’une rencontre avec la réalisatrice.
De quoi traite précisément ce documentaire ? Le titre est explicite à ce sujet, d’un parolier. Mais pas n’importe lequel : il s’agit de Rosario Marino, une personnalité plutôt méconnue et pourtant, il a écrit de nombreuses chansons d’amour pour Frédéric François et surtout la chanson de Sandra Kim, gagnante de l’eurovision en 1986, avec son fameux titre « J’aime la vie ».
La réalisatrice a souhaité à travers ce projet, s’intéresser au travail de son père qu’elle connaît peu. Un travail finalement d’artisan. Ce documentaire est touchant et intime pour plusieurs raisons. Il témoigne d’une jolie relation père/fille. Puis, il retrace un parcours de vie à travers des documents d’archives de nature diverse : des archives personnelles ou familiales ; des anciens journaux télévisés. On observera par exemple des images du vieux Liège dans les années 50/60, dans des rues ou quartiers où vivait et vit encore une importante communauté italienne. On observe également les zones industrielles de Liège dans les années 70. Le rapport à la langue, la parole et l’histoire est important dans ce documentaire. Ces images lui permettent d’évoquer son histoire familiale, celle de son grand-père et de son père.
Elle retrace alors des parcours de vie : Rosario Marino est arrivé à l’âge de 3 ans. Il suit dans un premier temps, un parcours plutôt classique pour cette époque. Il travaille à l’usine avec son père qui avait été auparavant ouvrier-mineur. Puis dès l’âge de 17/18 ans, il se met à écrire des chansons. À ce moment-là, les chansons d’amour avaient fortement succès. On suit au fil du documentaire ce parcours qui est tout à fait exceptionnel pour un fils d’immigré.
Je recommande ce documentaire tant pour son fond, son thème qui me tient à cœur. Il est intime et touchant. Mais aussi pour sa forme. C’est un très beau documentaire hybride qui mêle à la fois témoignage et animation.
Sources :
• Le site de l’Atelier Graphoui qui a produit le film : https://graphoui.org/parolier-rachel-marino/.
• La projection unique au cinéma local : https://www.grignoux.be/fr/evenement/1249/parolier.
• La page Facebook de la réalisatrice.