Ce film sorti en 1945 et réalisé par Roberto Rossellini que certains considèrent à juste titre comme le premier néoréaliste d’Italie est un film que je qualifierai de documentaire poignant qui témoigne d’une page importante de l’histoire Italienne. Le film fut en effet tourné à la fin de la guerre (probablement en janvier 1945). Rome venait tout juste d’être libéré alors que le Nord du pays était toujours sous occupation Allemande.
Pour comprendre pleinement le cadre historique du film, il faut revenir quelque temps en arrière. L’Italie qui sortait d’une guerre de conquête en Ethiopie et d’une participation active en Espagne lors de la guerre civile. Le pays épuisé n’était pas prêt à un autre conflit de longue durée et pourtant Mussolini, alors au pouvoir, décida de soutenir les Allemands lors de la guerre 40-45. La guerre tourna vite au désastre. Après le débarquement de Sicile par les alliés (dans le film on évoque d’ailleurs les Américains, le peuple les considérait comme des libérateurs) en juillet 1943. Le même mois, Mussolini est destitué et arrêté. Un armistice est signé en secret. Les Allemands qui étaient déjà présents sur le territoire Italien, avaient pris cela comme une trahison de la part des Italiens (rompant avec le pacte d’acier) et décidèrent d’occuper le pays de manière violente. Le roi d’Italie abandonne le pays qui s’effondre. Les soldats se retrouvent livrés à eux-mêmes, sans autorité réelle pour les commander, ne sachant à qui obéir (la scène de fin où les soldats refusent d’exécuter le prêtre illustre ces propos). Face à cette occupation un important mouvement de résistance s’était formé. Cette résistance est représentée dans le film par trois personnages, trois « martyres » : Don Pietro, Giorgio Malfredi, et Francesco même si Pina jouée par la grande Magnani résiste aussi à sa façon. La valeur commune des résistants, peu importe leur appartenance politique (communiste, anarchiste, catholique…), était l’antifascisme. Bref, on peut parler de guerre civile Italienne. Le film met en avant l’occupation cruelle des nazis-fascistes qui n’hésitent pas à tuer une femme enceinte, à torturer, corrompre et manipuler… Ce film met aussi en avant la destruction causée par la guerre (on voit Rome en ruine dans certaines scènes) et la misère sociale (le film représente les quartiers populaires de Rome et montre à plusieurs reprises que la nourriture se faisait rare. Au début du film, il y a notamment la scène de pillage de la boulangerie). Enfin, il reste à évoquer la figure du prêtre autre grande figure de résistance antifasciste. Le film montre que l’Eglise a joué un rôle important en soutenant le peuple, chose que le gouvernement n’avait pas su faire à l’époque. Au final, le film témoigne d’un vent nouveau sur le plan politique qui va souffler sur l’Italie, l’ère démocrate-chrétienne et la présence marquée du parti communiste Italien.