Je crois que c’est pour ce genre de films que le cinéma a été créé. Ce néoréaliste italien immémorial qui rappelle la folie les ballades touristiques de Fellini et l’errance de Rossellini. On est ce touriste qui s’égare dans les rues de Naples, aucune action, rien n’est signifiant, on accueille en silence. Des hommes monstrueux flirtent avec le péché, des regards ostensibles morguent des corps nus, des personnages baroques et somptueux rivalisent d’une élégance iconoclaste et se perdent en oxymores. J’ai parfois eu l’impression de feuilleter un album photos de Martin Parr, aux couleurs outrées et aux situations insensées, témoin de la dérision des villes, des âmes et du temps.


Parthenope est une œuvre lascive, languide et énigmatique, cruelle et magique. Un condensé de scènes de rues sombres, où règnent violence et décadence, et juste après des espaces de chic et d’extravagance. Un puritanisme emphatique, très italien qui se dispute une sexualité sans intimité.


On n’est pas que touristes, on est aussi voyeurs. Figurants d’un cinéma d’optiques. On déambule dans un musée où des œuvres intemporelles et futuristes s'incarnent.


On est placés en situation d’anthropologue.


Parthenope n’existe pas : c’est vous, c’est nous, c’est moi.


Parthenope, c’est une ode à la beauté, à la ville, à la vie. Chaque scène révèle une essence, le rideau se soulève, entre ombre et lumière, aube et crépuscule. La vie, la ville, soi : un choc esthétique et moral, de la trivialité et du lyrisme qui se répètent à l’infini, ça ne meurt jamais pourvu que l’on sache en profiter et le perpétuer.


Il suffit de regarder et de voir.


Sans filtre.


Pour ne rien oublier du voyage, car après tout il se termine toujours. Autant le sublimer.


Une Mention très spéciale pour l'actrice Celeste Dalla Porta dont c'est le premier rôle je crois: elle porte le film sur ses épaules, elle est La Femme, Naples, la recherche de la vie éternelle, ces choses immatérielles et illusoires qu'on transmet à la naissance.


Une Mention spéciale pour Gary Oldman en parfait gentleman décati, qui joue John Cheever. Qui ressuscite l'écrivain aux regards désabusés.

Isabelle-K
9
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le 19 mars 2025

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Isabelle K

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