Rarement autant de drôlerie, de bonheur de vivre, de plaisirs et de joie se sera ouvert aussi brusquement ensuite (bien que les signes en soient toujours présents) sur un tel océan de noirceur. Cette merveille de légéreté, d'émotions n'est qu'un jour d'ivresse dans une vie grise et misérable... et pour Henriette, dans une vie d'esclavage probablement.
Le générique pourtant nous avertit de cette double face par la musique et ses cuivres qui surgissent soudain d'un air champêtre et léger comme de sous cette surface troublée de l'eau. Mais on oublie l'alarme dès que l'action se déroule, on est pris par ce soleil, ces insectes, cette famille 'bon-enfant' et même cet abruti d'Anatole nous fait presque rire... le pauvre... qui ne pense qu'à la pêche.
La soif de vivre est tellement forte, tellement ancienne et refoulée par une vie quotidienne qu'on devine, et la campagne offre à cette famille parisienne tant de possibilités de satisfaire cette soif, voire des fantasmes (réprimés ou naissants de cet oxygène nouveau) que l'ivresse en semble comme inévitable, communicative.
Alors oui, le rappel est brutal. Il retourne le film comme une crêpe et les larmes de Sylvia Bataille sont alors les plus douloureuses de tout le cinéma français d'alors.
Cette ambigüité, cette façon de retourner la médaille, d'en montrer le revers avec autant de tact que de conscience de ce que la vie peut être en sa racine trouvera un équivalent 20 ans plus tard dans Le Plaisir d'Ophüls, là encore d'après Maupassant.