Une sexagénaire papillonne dans la nuit des cabarets et des night-clubs. Volatile, sa présence est basée sur le mouvement (danser, fumer dans les moments calmes, s'agiter…), sa vie sur cet équilibre instable constitué de néons, de sons, d'alcool. Un homme tombe amoureux de cette femme appelée Angélique. Elle décide de ne plus papillonner, d'oublier le monde de la nuit, de se marier.
L'intrigue de ce premier film collectif peut se résumer ainsi, en quelques lignes. Mais le but de ce long-métrage n'est pas tant l'histoire (bien rythmée en 1h30 à peu près) que le portrait de cette femme toujours dans un équilibre qui menace à chaque seconde de s'effondrer… A l'instar du film.
Car le film est né de grands écarts, d'éléments contraires. Il est l'oeuvre de trois personnes. Mais, chose plus intéressante déjà, il s'agit d'un mélange de réalité et de fiction, d'histoire personnelle (autobiographique) et collective. Et les acteurs ne sont évidemment pas professionnels. Ils jouent leur rôle dans une fiction. Tout cela est bien casse-gueule hein ? Et pourtant c'est beau, étonnant, émouvant.
Et je vois déjà à des kilomètres ce qu'on pourrait reprocher à ce film…
Certains parleront peut-être d'obscénité. Et le sujet peut paraître effectivement racoleur. Mais il n'en est rien. Il s'agit de la mère de l'un des cinéastes, toujours sur la brèche, certes, mais en faire un portrait entre réalité et fiction est une idée magnifique.
D'autres y verront simplement un film un peu laid. Alors que la photographie est belle, naturaliste mais teintée d'un peu d'onirisme par endroit. Et il y a de très beaux moments, de nuit, en basse lumière lorsque les personnages s'avouent des choses dans cette demi obscurité ou dans les bars. De plus, s'éloigner des canons de beauté habituels ne peut pas faire de mal…
Oui le film est imparfait, mais paradoxalement c'est ce qui le rend si touchant, à l'image de cette femme, Angélique, qui restera toujours jeune. Si le film peut paraître rugueux, il y a néanmoins une certaine candeur et une innocence qui se heurte parfois à une réalité que le personnage (et même le spectateur) préfère ignorer.
Le trio de cinéma réussit un tour de force en osant faire ce film, autobiographique mais loin du nombrilisme, émouvant mais pas consensuel. Loin des clichés, de la morosité et de la stabilité, enfin !