La première chose que je me suis dite quand la salle s’est rallumée, c’est que si on remplaçait tous les acteurs par de vulgaires mannequins frigido-botoxés d’Hollywood, le film aurait été totalement creux. Gloire aux 3 réalisateurs (de génie), ils ont choisis des gens vrais, pour raconter une vraie histoire : la leur.
Une histoire tellement vraie que le film fait la part belle à « l’improvisation ». Pourquoi des guillemets ? Car le terme d’improviser ne convient pas vraiment lorsque vous jouez votre vécu. C’est donc des sentiments bruts, des émotions violentes qui vous émeuvent pendant toute la durée de ces histoires d’amours pas comme les autres, mais qui pourtant sonnent (en toute logique), vraies.
Pourquoi l’usage du pluriel à histoires et amours ? Car il y a d’abord l’histoire d’amour d’Angélique et Joseph, qui est plutôt en réalité une histoire d’affection. Ils flirtent comme des ados pré pubères, et décident de se marier parce que visiblement, à un moment, les codes comportementaux exigent que vous vous posiez. Même quand vous travaillez dans un cabaret. C’est là le hic. Angélique ne fait pas que travailler dans un cabaret : elle y vit, elle le vit, et vit pour ça. Bien loin d’une âme en peine qui aurait raté sa vie dans les tréfonds d’un cabaret de province, elle ne vit presque que pour ce lieu qu’elle aime tant.
Presque, car on en vient à son troisième amour : celui qu’elle porte à ses enfants. Elle en voit deux rarement, un très occasionnellement, et la dernière jamais. Mais elle leur porte à tous un amour inconditionnel, quel que soit leur situation familiale, sentimentale, ou quel que soit leur père. Un amour réciproque d’ailleurs, qu’on ressent notamment lors de son mariage où chacun lui fait une déclaration.
Dernier amour, et pas des moindres : ses collègues, qui sont surtout ses meilleures amies. Les réalisateurs n’ont même pas pris la peine d’ajouter une scène de réconciliation après le pétage de plomb d’Angélique ivre au cabaret. Peut-être qu’il n’y en a pas eu dans la réalité. Le plus important est de voir qu’elles sont toutes présentes à son mariage, comme si rien ne s’était passé.
C’est finalement l’amour pour son cabaret, pour la danse et la fête qui triomphera lors de cette scène finale où Angélique est au sommet de sa gloire : libre.
Une très, très belle caméra d’or en somme, qui a rappelé à Cannes qu’il y a aussi des vrais gens, qui font du vrai cinéma. Et du beau cinéma.