Ne menageons pas la chèvre et le choux. Je retiendrai la scène d'introduction en classe qui est plutôt convaincante avec les collégiens et ces différentes interactions, plutôt drôles et qui sonnent vraie. Puis la scène de danse de fin que jai trouvé bien filmée. Le reste, c'est à dire 99% du film est problématique, je m'explique...
Dans ce film tout est fait pour rendre le parcours initiatique de Saint Julien sans réelle contradiction.
Très rapidement le film va rompre le moindre doute que le spectateur pourrait avoir et s'acharner à faire de la jeune fille à la lettre un bourreau et de François Civil un homme profondément bon qui lutte envers et contre tous.
La jeune fille est rapidement éclipsée, elle va exister dans film exclusivement à travers son frère violent. On comprends que c'est un foyer explosé composé d'individus à qui la vie n'a pas fait de cadeaux. Ces gens vont devenir des oiseaux de malheurs pour Julien. Ces gens n'existent pas pour le réalisateur Teddy Lussi-Modeste. Ils ne sont que vices et violences. La caméra ne fait jamais l'exercice d'essayer de nous les montrer en profondeur, ils n'existent qu'à travers le regard de Julien. C'est très problématique.
Chaque personnage qui gravite autour de François Civil existe uniquement pour montrer au spectateur qu'il est immensément bon. Dès le premier quart d'heure on le comprend, c'est ridicule. La caméra ne cesse d'insister sur la bonté de Julien.
Mais diable, comment aurait-il pu faire ça étant donné qu'il est homosexuel ? C'est vrai que l'homosexualité empêche toutes déviances. Et si vous doutez encore, regardez il a même refusé les avances de sa PLUS JOLIE COLLÈGUE. Maintenant, normalement, ça devrait suffire à vous convaincre pauvre spectateur.
L'écriture retors de ce film nous offre deux personnages qui sont censer apporter un peu de nuance sur le parcours de Saint Julien (il est filmé comme un saint) qui sont :
- une policière qui écoute son témoignage et réagit de manière à conforter encore plus le spectateur dans cette pensée que "putain laissez cet homme tranquille" ;
- une collègue professeure qui le jalouse, elle est volontairement ridicule pour montrer que la contradiction est impossible dans ce film.
Parlons de la situation économique de ce professeur. Le film rabâche, à travers les dialogues, qu'il n'a pas de fric. Saint Julien est sur la paille.
Concrètement on la voit absolument jamais à l'image cette précarité.
Pourquoi insister dessus ?
Je vois un homme plutôt bien habillé, et toujours bien coiffé. Un appartement sympa, un conjoint amoureux qui n'a pas l'air de subir non plus une quelconque précarité au quotidien (hormis cette scène de réparation du four, tellement forcée et grotesque). Des amis qui vivent bien : la scène du repas avec le vin dans l'appartement joliment éclairé.
Enfin, ou est-ce que le film veut en venir réellement ? Après visionnage en tant que spectateur lambda je peux avoir tendance à faire le constat suivant à la va-vite si je ne reste pas sur mes gardes et je ne réfléchis pas : la banlieue c'est dangereux, les gamins des collèges de banlieues sont bons à rien. Les gens de banlieues qu'on voit à l'image dans cette salle de classe, c'est à dire des noirs et des arabes principalement, ont un sérieux problèmes avec les homosexuels.
Ces gamins ne se résument qu'à ça selon Teddy Lussi-Modeste ?
Ils ne sont pas capables d'autres choses pendant + 1h30 ? C'est un geste de cinéma qui me dérange.
Les toutes petites tentatives de créditer certains gamins d'un peu de nuances sont aberrantes car elles passent systématiquement par le regard de Saint Julien.
Personne n'existe dans ce film. Ou bien, si, les personnages existent, mais à travers le regard de Saint Julien.