Les duos comiques ont souvent été prétexte à rouler sur les conventions. Encore plus si on met la main sur un acteur noir. Le film de Hiller est exactement l'exemple de ce genre qui cherche à en mettre plein la vue sans dire grand chose. Il met Richard Pryor et Gene Wilder en scénario pour qu'ils mettent le scénario en boîte, fin.
Bon, le jugement est un peu sévère : l'œuvre donne tout ce qu'elle a quand il s'agit des cascades, et l'on sent la volonté qu'il y a eu de voir « un peu » grand. On voit la ville bouger pour de vrai, ce qui donne un côté théâtre de rue pas très homogène mais au moins un peu vivant. Le duo souffre en revanche d'évoluer dans une histoire qui est un grand n'importe quoi écrit dans trois styles différents, comme s'il devait enrober les sketchs mais par exister pour lui-même.
L'avantage de se ficher de la cohérence, c'est qu'on fait facilement émerger l'humour du bouillon ambiant (ce qui ne veut pas dire qu'il fallait totalement se passer de continuité, hein). Le film fait beaucoup de choses qui allaient bientôt être dépassées, comme se moquer ouvertement des aveugles et des sourds ou utiliser des fonds défilants. On l'accepte parce qu'il se moque aussi des personnages exposés comme « normaux » et discriminants, mais la dichotomie atteint des niveaux dangereux de facilité. Hypodramatique mais hyperaméricain, c'est une comédie parfois agréable à ne voir qu'une fois ; il vaut certainement mieux entendre ses gags que d'être sourd.
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