Ce soir, j'ai été le témoin d'un crime atroce. Une bande de jeunes cons a roué de coups de pieds et de battes de baseball le cinéma français. J'ai appelé les secours mais ils n'ont rien pu faire. De toutes façons, ce qui est sorti de l'ambulance ne risquait pas de pouvoir lui apporter les premiers soins, au pauvre vieux. Entre un producteur dont les billets de cent tombaient littéralement de ses poches, un réalisateur qui n'a jamais vu une caméra de sa vie et un scénariste évadé d'un institut de malades mentaux, il avait peu de chances d'en réchapper. D'autant plus qu'ils se sont acharnés sur le cadavre en prodigant un massage cardiaque qui aurait laissé plus de séquelles qu'un accident de la circulation à 130 à l'heure, c'est dire.
J'ai vu le principal agresseur : c'est Norman Thavaud, ce petit con boutonneux mal fagoté, coiffé comme l'as de pique qui fait ses vidéos sur le net. Il est sorti de l'anonymat dans lequel il aurait dû rester à tout jamais et, parce qu'il a accédé à un semblant de postérité 2.0, un producteur friqué (celui qui conduisait l'ambulance) a misé quelques millions d'euros histoire que cette triste figure de proue de la jeunesse connectée remplisse les salles de cinéma des sauvageons qui l'encensent. Peu importe la manière dont c'est filmé (avec les pieds), peu importe le scénario (un Paranormal Activity crétin, faut le faire), peu importe le talent (?) du directeur photo, certainement recruté à l'ANPE spectacle du coin, sorti d'un chômage de très longue durée, du moment que les salles sont remplies des adorateurs du nouveau Veau d'Or, c'est le principal. Le tout c'est de durer une heure vingt, et que l'idole soit de tous les plans, histoire que le cochon de payant en ait pour son argent.
Le reste... Abysse de nullité, indigence des dialogues, brochette de (non) acteurs en roue libre, hystérie, connerie élevée au rang d'art abstrait, humour débile... Je pourrais la continuer longtemps, cette liste. Mais je terminerai plutôt sur quelques mots pour louer à tout jamais le sens de l'expérimentation cinématographique de l'extrème que Maurice Barthélémy met en oeuvre, comme un ultime aveu sur la qualité de ce qu'il ose faire passer pour un film. Car aller jusqu'à filmer un étron de porc plein écran, ou encore une fosse sceptique pleine en s'écriant "Ca pue la merde !", y'a pas à dire : c'est en faisant n'importe quoi qu'on accède aux salles de cinéma.