Avec l'idée ingénieuse de placer une femme sourde et muette dans le rôle du protagoniste, Pas un bruit (Hush en anglais) ne manque pas d'éveiller la curiosité. Cela offre en effet de nombreuses possibilités au scénario, susceptibles de dynamiter un genre parfois répétitif (bien que The Witch et Conjuring 2 ont redoré le blason de l'horreur dernièrement). Pourtant, le rendu final est bien trop médiocre pour prétendre pouvoir sortir du lot.
Le scénario est simple, il reprend le thème du home invasion avec un tueur qui joue avec les nerfs d'une femme aux capacités restreintes, puisque cette dernière ne possède pas les mêmes facultés auditives que son agresseur. Cette écrivaine habite dans les bois, elle ne peut - bien évidemment - être entendue. Côté histoire, c'est à peu près tout ce qu'on a à se mettre sous la dent, puisque l'intégralité du film se déroule au même endroit.
Encore faut-il que cette idée soit bien exploitée, et loin s'en faut. De bonnes idées émaillent cette production Blumhouse : l'usage de FaceTime, l'emploi de l'arbalète pour plus d'efficacité de loin ou encore les visions dont est parfois victime l'écrivaine. Mais la plus belle surprise vient probablement de l'usage qui est fait du son : les différents bruits sont par moments entendus du point de vue de la femme, avant de revenir à un niveau "normal" d'écoute. Il est alors plus facile de se mettre à la place de la personne agressée, et de comprendre quelles difficultés elle rencontre et quelles sont ses chances de s'échapper.
Malheureusement, ces points positifs demeurent trop maigres au vu des défauts apparents du film. La difficulté que n'a pas réussi à surmonter cette oeuvre réside dans la longueur. Le réalisateur, Mike Flanagan, ne parvient pas à installer un climat de tension, et le cours parfois redondant des choses ne captive pas plus que cela. Il en découle rapidement des moments assez ennuyeux, ce qui est tout de même problématique pour un film d'horreur.
Les acteurs ne sont pas non plus au rendez-vous. D'abord, le tueur n'est pas très intimidant, ses apparitions peu marquantes. On ne redoute pas son arrivée, cela impacte directement le capital horreur du film. Le second problème provient de la protagoniste, dont le jeu d'actrice peine à convaincre : dans des moments particulièrement difficiles pour elle, l'écrivaine ne tremble pas et semble parfois - paradoxalement - calme, insensible à la tournure des événements.
Ce film, intéressant de prime abord, s'avère être en réalité un pétard mouillé. Pas un bruit ne parvient pas à exploiter une idée pourtant ingénieuse, la faute à une réalisation vide de personnalité, un casting discutable et de trop nombreuses longueurs. On salue le projet initial, qui permet de changer de disque par rapport aux scénarios habituels d'horreur. Mais parfois, il est préférable de s'en tenir à des idées basiques, et de ne pas placer trop d'ambition sur des épaules trop étroites, si ces dernières doivent flancher au final.