La première partie du film où Villeret navigue avec circonspection dans milieu intriguant, me plait bien. L'ambiance décalée, délibérément curieuse, avec ses dialogues abscons, son étoffe artisanale, intrigue. La scène où Villeret, très juste dans le film, hésite à finir son assiette de peur de troubler un silence pesant, tandis que Stévenin s'est subitement eclipsé, est assez savoureuse.

Le film peut s'appréhender de manière sèchement abstraite, évoquant un rapport au monde, à l'autre, au temps, particulier. Un état d'esprit libertaire visant l'authenticité, offert à l'instant, à l'inattendu, à ce qui sort de l'ordinaire aliénant (=destinée), tel qu'il se présente, sans le provoquer, sans lui imposer quoi que ce soit (rencontre des deux compères à la station essence, organisation de l'espace complice et concertée dans la cuisine pour le repas...). Il est possible que l'ennemi à abattre ici soit l'idéalisme, c'est à la tronçonneuse qu'on lui règle son compte, et le lieu utopique est renvoyé dans les limbes cartographiques. Faut-il conclure que le bonheur s'acquiert avec l'indépendance, celle qui toutefois ne s'enlise pas dans l'idéalisme vaniteux mais reste bel et bien en phase avec les individus qui dans leur diversité viennent enrichir notre monde intérieur, notre existence ?

Dommage que Stévenin, comédien, semble souvent faire son malin, limite cabotin, tandis que Villeret reste dans son rôle !

Le type même du film qui semble inconsistant mais qui laisse songeur.

Flip_per
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le 7 sept. 2023

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