No future!
Je précise tout d'abord que je ne suis pas très fan du cinéma de Maurice Pialat. Je ne le porte pas du tout aux nues. Enfin, si je fais exception de La Maison des bois, qui est pour moi une merveille...
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Je précise tout d'abord que je ne suis pas très fan du cinéma de Maurice Pialat. Je ne le porte pas du tout aux nues. Enfin, si je fais exception de La Maison des bois, qui est pour moi une merveille de justesse et d'émotion. Ce qui fait que le sommet du réalisateur est, selon mon avis, ce feuilleton télévisé. J'ai un avis assez positif pour Nous nous ne vieillirons pas ensemble, où Pialat réussit vraiment à bien se concentrer sur son sujet (ce qui n'est malheureusement pas le cas de la plupart de ses autres films !) et à tirer le meilleur du duo d'acteurs principaux, le tout pour en tirer une œuvre forte. Et, malgré ma vision diamétralement opposée sur l'artiste, je pense que Van Gogh regorge de belles qualités.
Autrement les Sous le soleil de Satan, Police, Loulou, L'Enfance nue, A nos amours (par contre, j'avoue que la scène finale, dans ce dernier, entre le père et la fille est touchante, et que je trouve dommage que le reste ne soit pas du tout à la hauteur de celle-ci !), non désolé, technique bâclé, aspect décousu qui ne sert ni les personnages, ni un propos, ni même une atmosphère, acteurs secondaires médiocres, rythme inutilement lent.
Une longue introduction qui révèle bien combien la figure de ce réalisateur est tellement respectée, écrasante et autoritaire, que je me sens obligé de me justifier longuement du fait que je me montre mitigé envers celle-ci.
Bon, enfin, pour ce qui est de Passe ton bac d'abord. On est en 1979, et le bac était déjà considéré comme un simple passeport pour des boulots de merde ou pour le chômage (et il n'était pas bradé à cette époque en plus !). Je ne préfère pas faire de commentaire quant à la valeur de ce diplôme aujourd'hui. Toujours est-il que le propos général de ce film, en partie à cause de ce fait, n'a absolument pas pris une ride.
On suit une bande de jeunes dont la plupart se préparent à passer le bac (mais on ne les voit pas du tout se préparer aux examens ; volonté certainement du réalisateur pour souligner qu'ils ne se font pas du tout d'illusions, bacheliers ou non !), les autres exerçant des boulots de merde dans la morosité de la ville de Lens. Ils essayent de sortir de cette grisaille en couchant, en allant dans un bar, parfois en boîte de nuit dans la Belgique voisine, en prenant des vacances au bord de la mer, parfois même en se mariant, non pas par véritable amour, mais pour ne pas être seuls face à un futur qui s'annonce de toute façon déprimant. Se barrer pour Paris est le seul moyen pour certains d'entre eux d'échapper à la reproduction (sous "bonne" influence familiale !) d'un avenir servile. Pour le diplôme, seuls les parents parviennent à se donner l'illusion qu'il peut véritablement servir à quelque chose. Le prof de philo, lui, en toute connaissance et déprime de cause, sort la même litanie chaque année...
C'est un peu trop lent, c'est décousu, mais pour cette fois, je vais mettre de l'eau dans mon vin. C'est un film sur un groupe de personnages et non pas seulement sur deux ou trois. Ce qui fait que l'enchaînement de scènes, le plus souvent peu en raccord les unes avec les autres (narration très typique du cinéma du réalisateur !) sert bien l'ensemble. Ben oui, ça colle mieux quand on doit passer assez rapidement d'un personnage à un autre, que quand on doit se focaliser sur deux ou trois (dans ce cas précis, cette manière de raconter n'a généralement aucune raison d'être !).
Certes, cette structure ne sert pas du tout une histoire scénaristiquement bien construite. D'ailleurs, ce n'était absolument pas l'objectif du cinéaste. Mais, par contre, elle sert assez efficacement le propos et l'atmosphère voulus par le film.
Ce qui a pour conséquence que les caractéristiques et le style du cinéma de Maurice Pialat servent plutôt positivement le tout. Je place donc, sans crier au chef-d'œuvre, ni au grand film, Passe ton bac d'abord dans le haut du panier de la filmographie du réalisateur.
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le 4 juin 2022
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