Passengers, ça en jette. Le casting pour commencer, Star-Lord et Katniss réunis. Ambiance futurisme épuré 5 étoiles, y a même la piscine à débordement dans le vide intersidéral et le spectacle grandiose des planètes en fusion que l’on admire à travers le hublot géant… c’est beau de partout. Mais en apparence seulement, et probablement pour mieux ressortir, la laideur de nous, les humains du futur. C’est le cynisme fou, le pari de ce film, de nous emmener joyeusement et subtilement vers notre infiniment laid et au delà.
Résumé en étapes clés de l’intrigue, je spoile, attention, je spoile.
- Un type réveille une fille pour motif qu’il s’ennuie et qu’elle est jolie. Pas un coup de tête, il a mis un an à mûrir sa décision, c’est dire si c’est un têtard et un égoiste.
- Le mobile ? Il ne la connait pas mais il est déjà amoureux d’elle. C’est dire si l’impulsion amoureuse du futur.... elle vaut lourd.
- Et ça marche, ils tombent vraiment amoureux. Parce qu’ils sont beaux et seuls. On admire la profondeur, la noblesse de cette achimie…
- Pour enlaidir encore les choses, on se rend compte que la nana est une super nana avec des valeurs philantropiques, elle est du voyage non pas pour aller bousiller une autre planète comme le feront la plus part des colons mais pour rapporter l’expérience aux futurs générations. Et une super nana qui tombe dans le piège d’un enfoiré, c’est dévalorisant pour les super nanas et aussi démoralisant car alors on est tenté de penser que les super nanas sont des chèvres juste bonnes à brouter de la paille... C'est moche.
- Et Peter Quill, lui, il le vit bien. il sait qu’il l’a condamné à vivre et mourir avec lui (le caisson d’hyper sommeil est bousillé et il reste 90 ans à tirer dans le bouzin avant d’arriver à destination) mais aucune culpabilité. Juste un regard de chien battu de temps à autre. Aucun autre remord ne le ronge à aucun moment. Un nazi hypocrite.
- Donc ils sont amoureux, ils font du jogging ensemble, c'est dire. Au plumard c’est très explicite. Pas de projet de fonder une famille, un couple du futur c’est stérile, auto centré et ça fait du jardinage sur son balcon. Un vie faite de petit rien. Une vie à la con en fait.
- A un moment, sans raison apparente, un barman droïde vend la meche à J-Law. La trahison du pote barman c’est moche déjà, la trahison de la technologie, le droïde qui balance, c’est ignoble et forcément déceptif. Critique en creux des ingénieurs bossant pour la Pomme ?A l’époque du tournage, les photos intimes et coquines de l’actrice venaient de fuiter sur le web grâce aux failles volontairement induites par ces enfoirés.
- Pirouette de fin, pour rester dans l’ambiance guimauve, une météorite endommage la structure du vaisseau, il faut re-sauver le soldat ryan, et c’est l’occasion pour le musclé du nombril de briller par sa bravoure, ce qui a pour conséquence de restaurer en un tour de main les faveurs de super chèvre.
Bref, à ce stade, on a le tableau: votre femme vous aime parce que vous réparez le WC quand il fuit et vous parce que vous la trouvez bandante quand elle dort. En creuseant un peu, pour comprendre le pourquoi de ce film, on découvre que le réalisateur n’a rien produit depuis 2015 et a vu son ex femme mettre fin à ses jours quelque temps après. Cette information réelle, tiré de sa biographie sur Wikipedia, fini de noircir le tableau jusqu'à l'écœurement.
Et c’est probablement la force de Passengers : nous amener à poser un regard critique sur ce que nous sommes en train de devenir collectivement dans un futur relativement contemporain: des saloperies sans saveur et sans valeur. Et pratiquement incapables de prendre conscience de notre propre déchéance puisque le spéctateur lambda s’y trompera…? A voir et à méditer?
Autre film avec un duo d’acteurs projetés dans un univers inconnu, l’écriture et la tenue d’un bar restaurant, l’été en pente douce. Sorti en 1987. Avec Bacri et celle qui aurait dû être notre Marilyn à nous. Bien plus savoureux.