Le seul mérite de la production : avoir pondu un trailer qui ne laisse en rien transparaître la base abjecte du film.
"Passengers" est l'un des plus mauvais films de la dernière décennie, à bien des égards.
Après 30 minutes interminables et mal réalisées sur le réveil et la dépression du passager solitaire, seul être réveillé trop tôt de son sommeil interstellaire sur les 5 000 âmes d'un vaisseau particulièrement mal conçu, notre héros assez idiot (il mettra plusieurs heures à comprendre qu'il est seul et que quelque chose ne tourne pas rond) décide qu'il est grand temps que son zizi reprenne le dessus et de condamner avec lui Jennifer Lawrence, peu crédible écrivaine, en la sortant à son tour d'hibernation.
S'en suivent 30 minutes qui, si le spectateur va à l'encontre de l'intention principale du scénariste et branche son cerveau, ne peuvent que mettre extrêmement mal à l'aise. La jolie blonde ne peut décemment que tomber amoureuse de son seul compagnon, forcément irrésistible, forcément hétéro, forcément charmant.
Oh, quand elle découvre un peu trop facilement que cet homme l'a sciemment choisie et lui a offert, par pur égoïsme, le choix entre des années d'une vie de merde et un suicide, Jennifer va forcément bouder quelques temps. Elle va même détester notre héros.
On le devine déjà : pirouette, cacahuète, le destin de notre héros est déjà tout tracé. Il sera le sauveur ultime de Jennifer. Du comportement digne des plus grands prédateurs sexuels ne peut résulter qu'une belle histoire d'amour où la femme découvre que le monstre est finalement l'homme de sa vie.
Par-dessus ce scénario qui, à lui seul, aurait dû valoir l'interdiction pure et simple de diffusion du film, les défauts abondent dans de telles proportions qu'on ne peut les citer sans y passer plus de temps que les 120 années de ce voyage spatial finalement banal dans le genre de la science-fiction.
Les incohérences et facilités de scénario abondent. On citera pèle-mêle :
- Des pièces de rechange pour les milliers de pièces du vaisseau, sauf celles permettant de réparer ne serait-ce qu'un seul "pod" de cryogénisation.
- Un seul "pod" automatisé de soins pour 5 000 passagers (faut pas avoir 2 blessés en même temps, ce serait la merde noire).
- Quitte à réveiller une personne, pourquoi ne pas en réveiller 2, 5 ou 10 sur 5 000 ? Vivre à 2 dans plusieurs centaines de mètres carré, c'est forcément le bon plan.
- Passer à 3 cm d'un soleil, c'est super romantique et pratique pour "pécho". Le vaisseau est à peine capable de passer un champ d'astéroïdes (voire de l'esquiver) sans que ce soit la bérézina, mais frôler et contourner une étoile, ça ne vaut même pas un mélanome ou un voyage chez Alain Afflelou.
- Ca couche plus qu'une ribambelle de lapins, pas l'ombre d'une capote Manix à l'horizon, mais après des années de sexe à même la table à manger, pas un bébé n'aura pointé le bout de son nez.
Contrairement à ce que la promotion du film a réussi à vendre, si le duo Lawrence/Pratt fonctionne assez bien à la ville, il est particulièrement creux à la scène. Les 2 acteurs ne sont pas bien plus que des corps bien foutus selon les standards promus par Hollywood, prêts pour les quelques scènes "torrides" qui ne provoqueront aucun émoi. Pas tant un duo qu'une addition de 2 individualités de moins en moins capables de partager l'écran correctement.
Enfin, mention spéciale aux "fake deaths", ces moments désormais sans tension que le cinéma américain ne peut s'empêcher de nous servir. Chacun des protagonistes aura droit à la sienne. Avec résurrection instantanée et autonome pour l'une, et résuscitation sans aucune séquelle pour l'autre.
Ce film est certainement celui qui aura fait passer à Hollywood un certain cap : celui de définitivement ne plus même considérer une possible forme d'intelligence chez le spectateur. Affligeant.