Chronique du chaos
De par son passé de documentariste, la réalisatrice Ann Hui, l’une des figures de proue de la nouvelle-vague hongkongaise avec les Tsui Hark, Allen Fong et autres Patrick Tam, réussit parfaitement à...
le 16 sept. 2019
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De par son passé de documentariste, la réalisatrice Ann Hui, l’une des figures de proue de la nouvelle-vague hongkongaise avec les Tsui Hark, Allen Fong et autres Patrick Tam, réussit parfaitement à saisir la réalité d’un pays détruit par la guerre, ici le Vietnam, et les effets sur une population vivant de petits riens et de débrouillardises, qui n’a qu’une envie d’ailleurs et d’échappatoire à une condition déplorable.
Avec un casting de choix, à la fois surprenant, on retrouve l’artiste polyvalent George Lam, connu dans l’ex-colonie pour être un chanteur de grande renommée et un acteur ayant plutôt officié dans le registre de la comédie chez Eric Tsang ou Tsui Hark entre autres (à noter qu’il fait un caméo dans le premier film de Ann Hui, The Secret), il incarne donc un photographe japonais accrédité par les autorités, qui au contact des petites gens va prendre conscience du désastre, et de journaliste voyeur va devenir le témoin des monstruosités engendrées par l’effondrement.
En plus des actrices Season Ma (qui officiera dans les années 80, pour disparaître des écrans par la suite), extraordinaire de vitalité et de débrouillardise dans ce film, de Cora Miao, qui deviendra l’une des égéries d’Ann Hui, et d’un tout jeune Andy Lau, dont il s’agit de la première apparition.
Avec une grande maitrise du cadre, on sent le grand professionnalisme d’une documentariste de métier, et une mise en image saisissante traversée de moments d’horreur pure où l’on voit des cadavres ensanglantés se faire littéralement dépouiller, Ann Hui réussit sur le terrain du film-témoignage à saisir des instants où l’émotion prend le pas sur l’inacceptable destin de petites gens qui tentent de survivre dans ce charnier lamentable.
Avec une grande finesse, elle parvient à contourner les vices habituels inhérents à ce genre d’œuvre en survolant le sujet, et en y cherchant les petits espoirs et les grandes désillusions sans jamais faire dans la facilité. Faisant évoluer sa narration et son ressenti, qui devient le nôtre, à travers les yeux du personnage interprété magnifiquement par George Lam, elle en fait le témoin de la chute et parvient à créer une imagerie du chaos qui reste longtemps gravée dans notre conscience malmenée après le clap de fin. Un final implacable d’un fatalisme saisissant. Même s’il réside l’espoir d’un océan aux confins moins sombres.
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le 16 sept. 2019
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