Brian is in the kitsch, jeune !

Vous connaissez l'expression "avec ce genre d'ami, t'as pas besoin d'ennemi".
"Passion", c'est un peu le cadeau que vient de faire Brian à tous les gens qui le détestent.


Brian, deux palmes a


Celle du grotesque et du stupide.
Même si il y a peu, l'ami KingRabbit tentait de me convaincre de voir le réalisateur sous un éclairage différent, m'assurant que Brian c'était "énormément de mauvais goût totalement assumé, dans le plus pur esprit baroque", je n'arrive toujours pas à percevoir chez notre ami barbu et grassouillet (non, on a dit: pas le physique) une réelle capacité au second degré salvateur, au contraire d'un besoin obsessionnel de tout (et tout le temps) exagérer, vers le pire.


Et comme il forcit éternellement le trait, tout se voit beaucoup mieux. Les défauts, surtout.
Prenez le placement de marque.
C'est déjà gênant en règle générale. Là, ça atteint l'ineffable. Le film s'ouvre sur un gros plan d'ordinateur portable à la pomme, souligné de la plus obséquieuse des manières. Ceci est un avertissement pour ce qui va suivre. Ce ne seront effectivement pas moins de quinze ou vingt plans dans lesquels la marque sera mise au centre de l'écran, à chaque fois d'une façon aussi gratuite. Même si on m'explique que c'est du méta-foutage de gueule, je ne pourrais m'empêcher de penser qu'à un certain degré, le cynisme en abîme devient une forme d'insulte.
(Et n'allez pas penser que l'auteur de ces lignes soit un défenseur jusque-boutiste du système au design de fenêtre, puisque cette modeste prose à été composé sur un objet conçu par feu Steve Jobs).


T'es laid, film (de M6)


L'exagération mène à un autre travers.
Vouloir nous faire le coup du polar stylisé plein de chausse-trappe conçu comme un recyclage de poncifs éculés, c'est une chose. Le problème, c'est que quand tu se rates, tu te rates dans les grandes largeurs.
Au delà de son absolu manque de tout (esthétique, intelligence, intérêt, originalité, goût, intégrité, talent narratif), ce machin indigeste et putassier de bout en bout dont pas une seconde n'est à sauver, a réussi à arracher à une personne assise à côté de moi (parmi les moins cinéphiles que je connaisse), cette magnifique et définitive sentence, -surtout venant d'une telle spécialiste en la matière-: "on dirait un téléfilm de M6".


C'est vrai.
Mais un très mauvais.


De Palma réussit la prouesse de basculer d'une moitié de film où on devine tout dix kilomètres à l'avance (si ce n'est la laideur absolue de l'ensemble, qui tétanise de surprise à chaque seconde) à une deuxième partie où ne ne comprend plus rien mais sans que jamais on se dise que c'est important, puisqu'on s'en tape complètement.
(Vous savez, le truc du "et en fait c'est un rêêêêêve !", qu'on ne supporte plus depuis le CP ? Et ben là, 5 ou (M)6 fois).


Non, vraiment il ne s'agit assurément pas de mauvais goût assumé.
C'est, beaucoup plus prosaïquement (et d'une manière infiniment moins romantique) une suite de fautes de goût impardonnables, de la part d'un cinéaste depuis toujours mystérieusement surestimé qui, abandonné par une décennie de grâce où il pouvait se permettre de gâcher les plus beaux sujets avec les meilleurs acteurs de son époque, présente son travail enfin exposé sous la lumière crue de la triste réalité (au contraire de l'aspect clinquant et surfait de son film), tel un cadavre décomposé sur la table d'autopsie de nos consciences stupéfaites: c'est encore plus hideux qu'on pouvait le craindre ou l'espérer.


C'est pas beau de tirer sur une ambulance, j'en suis bien conscient. Mais parfois, ça soulage.

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le 23 juin 2013

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guyness

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