Après Snake Eyes, Brian De Palma est devenu une valeur à la baisse. Pendant les années 2000s, il cumule des échecs critiques et commerciaux ainsi que les deux ratages fulgurants de sa carrière, Mission to Mars et Femme Fatale. Il aggrave son cas avec Redacted, venu en quelque sorte sceller la fin de sa carrière américaine. C’est donc une nouvelle fois installé en Europe qu’il tourne son remake de Crime d’amour, le dernier film de Alain Corneau.
Ce qu’il a en plus : la pure mise en scène, le classicisme dopé par la sophistication du thriller sulfureux jouant aux frontières de l’érotisme sans jamais s’y engager. Passion est loin de se départir du kitsch. Il y a chez lui cette vacuité lisse présente dans Femme Fatale, mais Passion le bien-nommé a la saveur qui manquait à celui-là, les actrices et les gadget. De plus, De Palma donne dans l’auto-citation, au point où pour le cinéphile, le film a valeur de balade raffinée sur des sentiers battus. Pour les moins avertis, c’est un polar délivrant la marchandise.
Dans Crime d’amour, c’était surtout la seconde partie où les apparences se retournent, qui était passionnante. C’est moins convaincant cette fois, la transformation de l’image des héroïnes est relativement aride. Pour y arriver, le film patauge pendant un moment, où se répand l’enquête, avant d’abandonner définitivement le support de base en multipliant les faux-semblants. La machine à fantasmes fait son job, même si on retiendra surtout une première partie trouble et envoûtante, où Rachel McAdams brille en patronne machiavélique atteinte de psychopathie.
De Palma a ici développé un de ses thèmes fétiches jusqu’à en faire, pour la première fois, le cœur véritable de cet opus : la proximité amoureuse entre femmes. Et comme dans Phantom of the Paradise ou Outrages, c’est au sein d’un monde détaché du réel, où des personnages se taillent des lois sur-mesures, en abandonnant une part de leur humanité. Les individus sont des fantômes épuisés ou de simples passants, l’amour une norme obsolète et il n’est question que de tirer son épingle du jeu pour superviser le massacre.
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