- Nouveau-Mexique. Pat Garrett annonce à son ami, le jeune Billy, qu’il a été élu shérif du comté, avec pour mission de le descendre. Il l’enjoint à passer au Mexique. La suite est connue : Billy refusera de fuir et Pat ne s’empressera pas de l’abattre.
La veille encore, Billy était cow-boy pour un gros éleveur et Pat un outlaw. Cowboys salariés, shérifs élus ou voleurs de bétail, les statuts sont interchangeables, question de circonstances ou de chance. On meurt beaucoup autour de Fort Sumner, on s’entretue entre copains, rivaux ou voisins, à bout portant et rarement de face. Les pistoleros succombent, conscients que temps de l’Ouest libertaire et sauvage est clos, qu’ils écrivent les ultimes lignes d’une histoire défunte. Tout au plus espèrent-ils que leur souvenir restera gravé dans les annales locales. Qui chantera l’épopée des hommes de Billy the Kid ?
L’ordre règnera bientôt sur le pays, la poigne de fer des gouverneurs, des politiciens et de leurs hommes de main. Pat a choisi son camp. Tant qu’il est encore temps, il entend se muer en notable.
Sombre, froid et laconique, James Coburn (Pat) est magistral. Le lumineux Kris Kristofferson (Billy) est tout aussi cynique, mais il s’autorise à sourire. Il sait endosser le beau rôle, celui de défenseur des paysans et des marginaux, des derniers hommes libres. Bob Dylan, notre nouveau Nobel, signe une bande son admirable, de quoi faire oublier sa peu convaincante prestation de lanceur de couteaux surnuméraire.
Récusant la légende dorée, Sam Peckinpah nous offre un western réaliste. Les images sont belles, les trognes patibulaires, les filles légères et l’alcool coule à flot. Le montage s’en ressent, Peckinpah n’étant pas le dernier à lever le coude.
That cold black cloud is comin' down
Feels like I'm knockin' on heaven's door