Il y avait un peu de quoi s’inquiéter en découvrant cette curieuse introduction bien Peckinpesque qui nous dévoile une orgie de poules qui explosent dans tous les sens, un peu comme si Michael Bay réalisait une pub pour KFC. Heureusement, Sam va rapidement calmer ses ardeurs poulicides et dévoiler un récit empli de mélancolie, témoignage d’une société américaine qui implose sous le scandale du Watergate et d’une guerre du Vietnam qui s’apprête à enfanter John fucking Rambo. Le film sonne également comme un véritable chant du cygne pour les deux célèbres cowboys autant que pour un réalisateur éreinté d’avoir passé toute sa carrière à ferrailler contre des producteurs peu enclins à le laisser donner libre cours à ses instincts génocidaires. Hélas, pour Pat Garrett et Billy le Kid, Peckinpah ne verra jamais le director’s cut. Il faudra attendre 1988, après moult péripéties, pour qu’une version se rapprochant de l’idée originelle voit enfin le jour. Et de suite la magie opère, guidée par les accords de Bob Dylan, les beaux yeux de Kris Kristofferson, la classe de James Coburn, et quelques-unes des plus belles scènes de la filmo de Peckinpah. Le réalisateur de La Horde sauvage nous lègue cette ode funeste désenchantée, d’un surprenant lyrisme, où résonne le Knockin' On Heaven's Door de Dylan comme un ultime adieu aux westerns.