Ancien bandit et ami du redoutable Billy le Kid, Pat Garrett prévient ce dernier qu'il va devenir shériff, et qu'il va devoir le traquer. "Pat Garrett and Billy the Kid" fait ainsi ce choix narratif surprenant : plutôt que de développer une histoire d'amitié puis sa chute, il se centre uniquement sur cette traque empreinte de nostalgie et de mélancolie. Les personnages évoquent en permanence leurs souvenirs et leurs connaissances décédées plutôt que leurs aspirations (et quand c'est le cas, elles semblent peu enviées), laissant entendre que l'Ouest va être écrasé par l'ordre des barons du bétail.
Cependant le film souffre d'une narration assez confuse, qui propose un fil rouge plus qu'une intrigue. On y verra ainsi essentiellement des confrontations entre, d'un côté Billy the Kid et ses amis ou des inconnus voulant l'arrêter, de l'autre Pat Garrett et les gens qu'il interroge pour mener sa mission. Les scènes en elle-même sont de qualité, mais leur empilement parait parfois gratuit.
Sur la forme, "Pat Garrett and Billy the Kid" propose tout de même beaucoup de choses intéressantes. James Coburn est excellent dans cet ex-criminel qui change de côté et a conscience de son opportunisme. Tandis que l'acteur musicien Kris Kristofferson, avec son air bonhomme, sa trentaine bien tassé, et sans sa barbe (lui donnant ainsi un faux air de Jeff Bridges !), est un choix étonnant pour camper le Kid, bandit insolent mort à 21 ans (!). Pour autant, son interprétation est pertinente, faisant du Kid un hors la loi qui malgré son âge a vécu des choses intenses.
Question visuels, ce n'est clairement pas le film le plus personnel de Sam Peckinpah, qui aurait été largement bridé par la production. On retrouve néanmoins des fusillades percutantes, avec ralentis efficaces et montage dynamique (on n'est toutefois pas au niveau de "The Wild Bunch" question violence !). Le tout accompagné par la musique country de Bob Dylan (qui tient également un rôle secondaire). Ceux qui attendaient un western avec une BO à la Ennio Morricone seront sans doute déçus, car on est ici dans les chansons mélancoliques, à l'image d'un "Knocking on heaven's door" qui deviendra célèbre.