Sam Peckimpah a repris l'histoire du fameux sheriff Pat Garett qui a pourchassé et abattu Billy the Kid à Fort Sumner.
La tonalité du film est assez différente d'autres adaptations dans la mesure où Sam Peckimpah établit un lien d'amitié entre les deux hommes qui auraient eu un long passé aventureux commun.
Ce point n'est pas un détail anodin car conditionne complètement le scénario. Le sort de Billy est scellé dès lors que Pat Garett rompt le pacte d'amitié en acceptant la mission confiée par l'éleveur Chisum et le gouverneur Lee Wallace. A un moment, Billy laisse entendre que le sort aurait pu en être autrement car il y a eu une époque où Billy travaillait pour Chisum alors que Pat Garett était alors en délicatesse avec le même Chisum.
La clé du film se trouve dans le dialogue au début du film où Pat Garett et Billy boit le verre de l'amitié et où se dessine la fracture. En substance, Billy s'étonne : sherif Pat Garett vendu aux éleveurs, ça veut dire quoi ? Pat Garett répond : plus on va, plus les temps changent ! Ce à quoi Billy répond : les temps changent peut-être mais pas moi.
D'un côté, Pat Garett a peur à l'idée de vieillir et préfère se ranger quitte à y perdre une partie de son âme, de l'autre Billy, épris de liberté et de vraie justice, considère que la seule règle du jeu, la seule loi qui compte c'est la sienne.
A ses amis de Fort Sumner où il finit par se réfugier, il dit avec force : Personne ne nous chassera ; ni Garett, ni Chisum ni ce foutu gouverneur.
Dès lors, refusant l'évidence de la nécessaire transformation de la société, Billy sera face à son destin et ne pourra y échapper.
C'est d'ailleurs en ça que ce western peut être considéré comme crépusculaire car la liberté des grands espaces, celle qu'on se taille au couteau ou au révolver à sa mesure, c'est terminé.
On voit bien où va la sympathie de Sam Peckimpah qui reconnait volontiers que Billy dépasse la mesure en adaptant les règles à sa sauce (toujours face à des gens pas clairs comme le bandit Alamosa Bill (jack Elam) déguisé en adjoint ou encore le fanatique Bob Ollinger (RG Armstrong) mais qui est aussi capable de vraie justice lorsqu'il combat les hommes de Chisum en train de torturer un homme et de violer sa compagne.
Et Bob Dylan, dans tout ça ? La première fois que j'ai vu le film dans les années 80 peut-être, j'ai trouvé l'idée très originale et somme toute très bonne d'autant plus qu'à l'époque j'aimais bien Bob Dylan.
Aujourd'hui, les années ont passé (pour moi aussi, les temps changent) et j'ai bien apprécié la bande originale qui donne un petit côté "libertaire", prouvant encore une fois, s'il le fallait, où vont les sympathies de Peckimpah. De là à introduire Bob Dylan carrément dans le film pour ne pas faire grand-chose, … je m'interroge. Il est une espèce de témoin dont le nom est Alias. Je crois surtout qu'il ne faut pas trop se poser de questions… Il est là.
Le casting me confirme encore une fois les préférences de Peckimpah …
James Coburn est le sheriff Pat Garett, dur, cynique, antipathique, plein de mépris et Kris Kristofferson est Billy, rond, enjoué, capable d'aimer.
Parmi les seconds rôles, Jack Elam dans un rôle habituel de voyou ou de brute, Katy Jurado en femme (plus toute jeune) du shérif Baker qui se fait dessouder dans une scène très émouvante,
Jason Robards dans le rôle du gouverneur Lew Wallace, très politique et manipulateur.
Au final, ce n'est pas le style de western que je préfère mais j'apprécie l'approche – nostalgique – de Peckimpah . J'apprécie l'absence de violence (gratuite) qu'on trouve dans la "horde sauvage" par exemple. Je ne pense pas qu'il faille considérer ce film comme un chef d'œuvre mais simplement un bon film intéressant.