Non ce pays n’est pas pour le vieil homme pourrait-on penser à la vue du flashforward débutant le film. Le film de Sam Peckinpah est pourtant encore plus amer. Il n’est ni pour le vieil homme, ni pour le jeune.
Dans cette époque de changement où l’ouest a été conquis et s’apprête à perdre son aspect sauvage et libre, le vieillissant Pat Garrett tente de s’adapter et accepte de passer de hors-la-loi à shériff. Ça le conduit à devoir arrêter son ancien compagnon de route Billy le Kid. Encore fidèle à son amitié, il le prévient et lui demande de partir. Billy, symbole anarcho-hippie avant l’heure, n’en fera qu’à sa tête au nom de la liberté souveraine. Le shériff Garrett se voit alors contraint de l’arrêter. Il n’en a clairement pas envie. Il aime Billy. On peut même supposer, bien qu’on ne puisse en être sûr, qu’il l’aide à s’évader.
C’est alors que commence une chasse à l’homme meurtrière.
Côté acteurs, Kris Kristofferson, le visage poupon et un charisme indéniable, tient très bien tête au grand James Coburn. Bob Dylan joue également un rôle dans le film. Celui d’Alias. Un personnage qui est et reste une énigme tout au long du film et c’est peut-être un de mes regrets. Qui est-il ? Que symbolise-t-il ? Je n’ai pas su répondre à cette question. Des éléments m’ont peut-être échappé.
Enfin la photographie est magnifique notamment dans cette scène où Billy le Kid chevauche le long d’un lac et que la nuit tombe, disparaissant l’histoire d’un moment dans l’obscurité et n’existant plus que par son reflet.
Film éminemment violent et dépourvu de manichéisme (c'est presque un Western Spaghetti), c’est aussi une œuvre très poétique sur l’amitié et le temps qui passe (Pat Garrett a clairement peur de vieillir et de mourir) et surtout sur l’expression de la liberté face à un système contraignant. « Subissez et vous ne vivez pas, résistez et vous serez écrasés » semble nous dire Peckinpah. Un film poétique, très sombre et amer sublimé par la b.o. folk de Bob Dylan.