Jim Jarmusch a un bonnet bleu à clochette et une voiture jaune ? Oui, et alors ?

La destinée est un poème.


L'idée de départ de Jarmusch est simpliste et son "Paterson" probablement l'un des rares films-haïku de l'histoire du cinéma. Le réalisateur, apôtre parfois jusqu'à l'extrême de la sophistication, dépouille ici totalement son cinéma, le rendant même fragile, et franchement démodé.


A l'heure où vitesse jusqu'à épuisement, bruit pour combler le vide, conflit par peur de la différence, réussite sociale sous peine d'effacement, cupidité pour mieux régner, sont de mise, le natif de l'Ohio prend le contre-pied absolu et délivre le message le plus punk qui soit dans l'époque du paraître : le bonheur est là, nul besoin de le chercher puisqu'il est là, dans un poème de Ron Padgett, la tourte immonde d'une femme aimée et aimante, la discussion de deux gamins autour de Rubin « Hurricane » Carter, l'apparition christique d'un Japonais Han Han.


"Paterson" est un conte philosophique et poétique naïf, il ressemble à l'un de ces innombrables guides de développement personnel censés vous guider vers le bien-être, mais un guide sans conseils, sans vérités sentencieuses, où seule une préface aurait été manuscrite.


Nous pourrions y lire les mots suivants : La vie est un art, l'art est la vie, et celle-ci s'écrit chaque matin sur une page blanche.

takeshi29

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