Deux peuples incompatibles

Quand j'avais vu ce film la première fois, je n'avais pas tellement aimé, je trouvais ça brouillon et foutraque, avec une image déplorable. Revu hier, je reviens un peu sur ma note en la haussant d'1 point, même si le film conserve ses défauts, mais disons que je lui ai quand même trouvé des qualités, faut être juste.
Apparemment, c'est inspiré de faits réels puisque bien avant ce crétin de Christophe Colomb (pour moi c'est un faux découvreur de l'Amérique, et on nous bassine avec ça depuis l'école primaire, faut arrêter de prendre ce type pour un héros), il est avéré que des Vikings ont découvert le continent américain, j'avais lu quelque part que Erik le Rouge serait ce découvreur. A savoir s'il a fait preuve d'autant de cruauté que ceux qu'on voit dans Pathfinder. Comme le dit à un moment Karl Urban à celle qu'il doit protéger : Ce ne sont pas des hommes, ce sont des bêtes.
Avec un tel matériau, le potentiel était énorme : confronter des Native Americans aux Vikings donnait l'espoir d'un récit épique, l'ennui c'est que c'est en partie gâché par Marcus Nispel qui se préoccupe plus d'heroic fantasy que d'aspect historique ; il appuie certes sur le côté très manichéen et emprunte beaucoup au Conan le barbare de Milius, on retrouve des composants pratiquement identiques : attaque d'un village indigène, pièges utilisés par le héros, vengeance, charisme du héros, combat final etc... Nispel aime tellement Conan qu'il finira d'ailleurs par en réaliser un remake en 2011 qu'il vaut mieux oublier et qui se révèle très inférieur à ce sympathique bien qu'imparfait Pathfinder.
La narration est biscornue et maladroite, et il y a une scène totalement ridicule lorsque les Indiens vont s'empaler sur un bête piège façonné par le héros. Mais le pire réside dans l'aspect technique adopté par le réalisateur allemand : le montage charcuté, les images saccadées, les ralentis pénibles, la photo sombre qui ne permet pas de suivre correctement l'action par endroits, c'est tout ça qui me dérange le plus, sinon on peut toutefois décrypter dans ce fatras quelques visions hallucinées, des moments épiques, bien que cet aspect soit très mal utilisé, et aussi le film capte l'essence sauvage d'une nature millénaire, tout en offrant une vision sombre, violente, barbare et sanguinaire des Vikings, c'est perceptible dans certaines scènes de massacres gratuits et leurs costumes agressifs. D'autre part, ils ne parlent pas anglais, au contraire de Outlander qui pourtant se rapproche par son univers de Pathfinder.
Karl Urban est de son côté parfait, très charismatique, il occupe bien son rôle, et il est bien secondé par Moon Bloodgood, Russell Means (qu'on avait découvert dans un rôle analogue dans le Dernier des Mohicans), Ralf Möller et Clancy Brown dans le rôle du chef Viking cruel. Au final, ce film reste comme une expérience unique de mélanger 2 peuples, un plaisir coupable en roue libre mais qui vaut mieux que certaines grosses daubes très friquées, je ne regrette pas mon revisionnage.