Connu pour ses albums poignants et ses textes inspirés, Grand Corps Malade effectue ses premiers pas au cinéma en adaptant son best-seller Patients, tiré de sa propre jeunesse vécue dans un centre de rééducation où, tétraplégique incomplet suite à un accident, il a du réapprendre à bouger. Associé à Mehdi Idir (réalisateur de tous ses clips) pour mettre en scène ce récit poignant, le slameur livre un bel hymne à la vie.
Contrairement à ce que l'on pouvait craindre, le film, exclusivement tourné au centre Coubert en Seine-et-Marne, ne cède nullement aux facilités du biopic d'artiste musical (aucune auto-citation n'est à déplorer) et, ceci étant, ne tombe jamais dans les travers du mélodrame hospitalier, en évitant d'emblée toute forme d'apitoiement. Émouvant sans larmoiement, le long-métrage offre ainsi un subtil récit d'apprentissage et d'amitié (il s'agira ici de guérir ensemble et soudés), porté par un humour toujours décapant, principalement incarné en la personne de Pablo Pauly, alter-ego de Grand Corps Malade dont les hilarantes répliques désabusées font mouche à chaque instant (il en va de même pour les rôles périphériques, tous très attachants).
Cette justesse de ton est complétée par l'impressionnante authenticité du scénario, dont on imagine qu'il est extrêmement documenté sur le milieu médical, mais également par la modestie de la mise en scène qui, à l’exception de deux ou trois afféteries discutables, use de perspectives et de cadrages audacieux sans jamais trop en faire.
Impossible donc de ne pas céder au charme de Patients, qui s'impose d'ores et déjà comme un des piliers du cinéma populaire français de cette année. Touchant, humble et tout le temps drôle, ce premier film empli d'espoir est une enthousiasmante réussite.
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