Tout le monde connait plus ou moins le passé de Grand Corps Malade, que ce soit à travers ses chansons ou ses interviews, on s'est toujours imaginé son histoire comme difficile. Patients est l'adaptation de son roman autobiographique qui raconte ses débuts au centre de rééducation, juste après son accident qui l'a paralysé. On se retrouve donc dans les années 90 avec un Téléshopping déprimant encore en francs, soit quand Grand Corps Malade était hospitalisé et on découvre le rythme quotidien d'un corps médical du point de vue des patients, et ce, toujours accompagné de touches d'humour jamais lourdes. Étonnement, le scénario ne verse à aucun moment dans le pathos, que ce soit dans les émotions des comédiens ou dans un accompagnement musical tire-larme quelconque. On découvre donc un mode de vie inconnu dans un cadre hospitalier, sans pudeur ni retenue, où l'humain et la force de vivre sont au cœur des préoccupations. Les soucis que l'on a dans notre quotidien paraissent comme totalement obsolètes par rapport au peu dont ces personnes ont en leur possession. L'amitié, la solidarité, l'entraide, l'espoir, le partage mais aussi l'amour établissent un socle solide et confiant pour évoluer et progresser. Malgré le manque d'émotions explicites dans sa mise en scène, Patients se révèle très touchant car il redéfinit habilement les bases de nos besoins et de nos désirs. L'interprétation des acteurs est étonnante car aucun d'entre eux n'est handicapé et leurs corps coïncident à la mobilité réduite d'une personne tétraplégique. Il y a un très grand travail de fond fait sur les corps qui est remarquable ! Chaque personnage a une personnalité et un avis très distinct face à leur handicap. Ainsi, Pablo Pauly, dans le rôle principal, est fort et déterminé et considère son séjour au centre comme passager et il ne s’apitoie jamais sur son sort. Un autre sera défaitiste et agressif tandis qu'un autre sera tout à fait conscient que son état n'évoluera plus. Je m'attendais à une bande originale plus étoffée, surtout de la part de Grand Corps Malade, mais elle se montre discrète et bien dosée. Niveau réalisation, je regrette quelques ellipses que j'ai trouvé très rapide, bâclant ainsi la progression narrative du film ainsi que certaines relations ou certains personnages qu'on aurait souhaité voir plus développé. Mais Patients est un film important qu'il faut aller voir pour son jamais-vu et son souffle d'espoir qui nous envahit au sortir de la salle.