Etant moi-même handicapé, ce film me parle forcément de plus près qu'à un spectateur lambda : des potes para, tétra, j'en ai eu ; des qui sont morts trop tôt, aussi ; les centres de rééducation, j'ai connu, ainsi que tout ce qui va avec et qui est très bien montré ici : les heures de piscine obligatoires, l'ambiance de dortoir entre handicapés, les amitiés et amourettes, les séances de kiné avec les sangles pour les postures sur table, le personnel plus ou moins sympa, l'humiliante aide à la toilette, la sensation de ghettoïsation, l'humour comme exécutoire contre l'ennui, la honte, la douleur... Patients est une autofiction fondée, valable, qui édulcore à peine la réalité. C'est sa première qualité.
Ajoutons à cela la fraîcheur et la justesse fragile du casting, une mise en scène qui évite presque totalement l’esbroufe (hormis une séquence très clipée qui multiplie les plans macro au ralenti : incongrue et inutile), un scénario sensible qui traite d'un sujet rare et compliqué sans jamais tomber dans le pathos, des dialogues pas trop mal sentis qui véhiculent un message lucide sur ce que c'est d'être handicapé et d'être face à un handicapé, et l'on obtient une jolie réussite, toute à la fois mineure et nécessaire.