Se réveiller dans une chambre d'hôpital et constater qu'on ne peut plus bouger, on imagine bien la panique. Ce film le montre et le fait sentir. Alors, même s'il n'apporte rien de spécial cinématographiquement parlant, il évoque tellement de choses importantes avec justesse qu'il mérite une note qui le rangera au même niveau que les films de qualité.
Grand corps malade sait de quoi il parle. Même s'il prétend que cette histoire n'est pas la sienne, qu'elle ne fait que s'inspirer d'un certain nombre de souvenirs, elle sent vraiment le vécu.
Le personnage principal s'appelle Ben, il est jeune, environ 18 ans et normalement il n'aurait rien à faire dans une chambre d'hôpital, qui plus est complètement immobilisé. Seulement voilà, quand on est jeune, on ne réalise pas forcément les risques qu'on prend, alors qu'avec l'âge on apprend à se méfier. Donc Ben a plongé dans une piscine... une piscine avec de l'eau, mais une quantité trompeuse... suffisamment faible pour qu'il se fracture une vertèbre au contact de l'eau. Résultat : tétraplégique avec peu de chances d'améliorer la situation. Le film comme la réalité marche à l'optimisme. Entre nous, c'set la seule solution. Donc, Ben n'set pas totalement immobilisé et le médecin qui le suit et le kiné l'encouragent. il fait des progrès, observés d'abord de loin par la belle Samia. A côté de ça, on a droit à tout ce qui peut se passer dans cet environnement. Ne nous voilons pas la face, il faut d'abord assurer les besoins élémentaires, autant dire que c'set pas évident. On est dépendant pour boire et manger, passe encore. Mais il faut penser à pisser et chier. Heureusement on peut... avec une sonde ! Se déplacer vient plus tard, dans un fauteuil roulant. Comment éviter les entretiens avec le médecin et la psychologue ? Vient le moment où il faut regarder la vérité en face : la vie ne sera jamais plus comme avant. Quand on était basketteur et qu'on voyait son avenir comme prof de sport, il y a de quoi déprimer grave. Encore une fois ne nous voilons pas la face, la tentation du suicide est là.
Et puis, il y a les autres, ceux qui sont dans le même établissement, pour des raisons diverses avec des résultats a peu près aussi difficiles à gérer. Avec eux, une sorte de société se met forcément en place, puisqu'on se cotoie tous les jours. Comme dans toute société, chacun trouve une place, qui lui convient ou non. Et puisque tous ces hospitalisés sont en gros des jeunes de banlieue ,qu'est-ce qu'il leur reste sinon la tchatche ? La grande qualité du film se trouve la, parce qu'ils ne se contentent pas de discuter dans le vide ou de se plaindre. Même diminués, ce qui compte c'est de rester en vie. Donc, si on manque d'autonomie, la liberté vient de la parole. Quelque chose qui permet de libérer un peu ce qu'on ressent, même si c'est avec une certaine maladresse. Ce film nous balance donc en pleine gueule ce que c'est de se retrouver du jour au lendemain dans un corps qui ne répond plus, mais il montre que l'important c'est de continuer de se battre. Parler c'est exister. Ces jeunes se laissent aller par le verbe et comme ils n'ont plus rien a perdre, ils se lachent et parlent de ce qu'ils ressentent et observent sans retenue. Incroyable, sauf si vous avez vu la bande annonce, le film est franchement drôle par moments, même aux plus inattendus. il y est meme question de sentiments. Je ne vais pas vous raconter, mais on a beau être jeune et immobilisé, n'avoir plus rien a perdre, la pudeur, l'apprehension et les envies restent là, c'est plus fort que tout.
Un beau film qu'il ne faut pas avoir peur de voir.