Dancer in the Dark
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le 24 oct. 2020
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Ce film nous plonge dans une étonnante histoire, celle de la passion de Patrick pour les cachalots. Ce grand apnéiste plonge 300 jours/an pour maximiser son temps passé avec ses mammifères marins encore largement méconnus. Au-delà de quelques anecdotes intéressantes sur la vie des cachalots (mystères sur les échouages collectifs de jeunes mâles, plongées à plus de 1000 km de profondeurs...), le réel intérêt du film se situe dans cette relation si particulière qui lie Patrick aux cachalots.
Une relation tout à fait particulière se créée quand il rencontre une femelle cachalot, celle qu'il baptisera Dolorès. Après un premier échange de regard affective, puis un second lors d'une autre plongé où il y aura un contact physique, notre ami Patrick tombe sous le charme. Il développe une passion, ou plutôt une fascination pour l'animal. Il ne parle plus que d'elle et devient obnubilé par son désir de la revoir. Sauf que la troisième fois qu'il croisera sa route, elle lui jettera un petit coup d'œil rapide et poursuivra son chemin avec un mâle. La relation s'arrête là et alors qu'on aura pu imaginer une amitié fusionnelle comme dans la Sagesse de la Pieuvre, on comprend qu'il s'agit ici d'une relation largement fantasmée par notre ami Patrick.
Il se consolera avec la rencontre d'une deuxième femelle qu'il approchera plusieurs fois pour lui poser une balise sur le corps. Malgré son refus évident, il insistera encore et encore... Jusqu'à finalement ne plus la revoir et nous présenter une troisième femelle cachalot qui sera une nouvelle "relation-pansement". Le champ lexical utilisé par Patrick et l'insistance croissante de ses désirs imposés aux animaux nous amène à faire un parallèle avec les relations homme-femme dans nos sociétés. Amusez-vous à isoler les scènes interminables où il personnifie les cachalots (notamment sa favorite, Dolorès) et comparer les. Soyons clairs : son comportement est dégueulasse. Il force, insiste, et ignore largement les signaux de l'animal. Il se met en danger et se fait même rouler dessus par l'une des femelles quand il tente de poser une balise sur son dos. Elle aurait pu le tuer d'un coup de queue si elle n'était pas aussi douce. L'apnéiste prend ensuite conscience de son erreur... Et recommence... Quand on dit non Patrick, c'est non !
C'est par ce prisme que ce film m'a touché. Il raconte l'histoire d'un humain bien trop désireux de toucher, de connaître et de comprendre. Son amour pour ces cachalots est évident et beau à certains égards, mais Patrick se laisse emporter par ses envies, incapable de rester à sa place. Cette relation résume bien notre époque où la majorité de la population a pris conscience de la nécessité de préserver la vie sur Terre, et pourtant, l'humain continue d'imposer ses envies, sa vision, son égo, à tous les autres êtres vivants.
Nous avons tant à apprendre des baleines. Elles incarnent la sagesse, la douceur et la non-violence. Ou se trouve donc le salut de l'être humain dans un monde qui part à la dérive ? Implique-t-il une acceptation du mystère ? Une redéfinition de notre place dans le vivant ? Ou simplement une humilité retrouvée ?
Créée
le 15 janv. 2025
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