En dépit de ses lourdeurs et de son mauvais goût assumé, "Les kaïra" avait globalement laissé une bonne impression à sa sortie en 2012, apportant un certain vent de nouveauté dans le paysage corseté de la comédie franchouillarde.
Quatre ans plus tard, le réalisateur Frank Gastambide remet le couvert, et même s'il se défend d'avoir tourné "Les kaïra 2", son "Pattaya" y ressemble singulièrement, et à la limite ce n'est pas le problème.
Passons sur la "coïncidence" qui veut qu'un nain (Jib Pocthier) soit remplacé par un autre (Anouar Toubali) tandis qu'un arabe rigolo (Malik Bentalha) succède à Mehdi Sadoun dans le rôle du meilleur pote en galère avec les meufs : si le film s'était révélé drôle, ça n'aurait posé aucun souci, même si l'authenticité de la démarche en prend un coup.
De fait, "Pattaya" s'apparente bel et bien à "Les kaïra en vacances", dans cet eldorado des banlieues françaises qu'est devenue la station balnéaire thaïlandaise, sur le principe du cocktail mer, soleil et prostituées pas chères...
Il y avait là un terrain de jeu formidable pour des auteurs comiques inspirés et des comédiens de talent, or Gastambide et sa clique n'en font rien ou presque, passé les stéréotypes évidents et les blagues faciles qui vont avec. Il est d'ailleurs symptomatique de constater que c'est précisément une fois les héros arrivés sur place que "Pattaya" se liquéfie définitivement.
La première demi-heure parvenait plus ou moins à donner le change, à base d'humour des cités et de parodies télévisuelles plutôt marrantes. La suite sera bien plus laborieuse, entre jargon foireux à base de verlan, gags vus et revus, scènes de combat ringardes et guests en roue libre (et encore, je m'attendais presque à pire de Gad Elmaleh, qui parvient à arracher 2-3 sourires dans son personnage de gourou des nains à l'accent blédard).
Bref, je ne recommande à personne ce pétard mouillé, et si ma note ne descend pas plus bas, c'est en raison du niveau général de la comédie française d'une part, et aussi de mon goût pour l'humour "banlieue", que le premier film de Gastambide avait su mettre en avant de façon inégale mais plaisante, et que "Pattaya" recycle péniblement.
Ceux qui ne partagent pas cet attrait pour le délire lascars doivent impérativement passer leur chemin, sous peine de voir une comédie navrante.