J'ignore si Frank Capra a vu ce film ou pas, mais toujours est-il que celui-ci préfigure fortement L'Extravagant Mr. Deeds et Monsieur Smith au sénat.
L'histoire, un fils de missionnaires quitte la Chine dans laquelle il a pratiquement vécu toute sa vie pour aller chercher femme aux Etats-Unis. Il va arriver dans une ville profondément gangrenée par le banditisme et la corruption et se retrouver le plus involontairement du monde candidat pour le poste de maire. Tout aussi involontairement, il va se retrouver vainqueur de l'élection. Il va profiter de ses nouvelles attributions et des connaissances qu'il a acquises en Chine pour faire le ménage...
Le type de l'outsider complet, qui ne demande qu'à vivre une vie tranquille et simple et qui se retrouve involontairement face à un challenge incroyable, pas de doute on est chez le Capra des deux films précédemment cités avant l'heure, qui croise la route d'une femme cynique et pragmatique, mais qui ne peut s'empêcher de tomber amoureuse du naïf opiniâtre, pas de doute Una Merkel joue le personnage qu'interprétera Jean Arthur à deux reprises chez le cinéaste de New York-Miami. Harold Lloyd fait du Capra avant Capra ou plutôt Capra a fait du Lloyd.
On ne manquera pas de souligner la critique, étonnante de la part de Lloyd qui n'était pas excessivement porté sur la critique sociale, d'une Amérique totalement soumise aux diktats de l'argent par le truchement de la sagesse de la culture chinoise qu'arbore le protagoniste, ainsi que la très bonne interprétation de George Barbier en crapule ayant du mal à cacher un bon fond.
Une oeuvre étonnante et totalement méconnue de Lloyd qui mérite pourtant le coup d’œil.