Pour certains, la seule signature ou évocation de Rohmer suffit à tomber en pâmoison. Ce phénomène apparaît surtout chez les intellos gauchisants ou royalistes fervents de faire partie de la cour des pique-assiettes.
Ce n'est pas que je veuille détruire le mythe mais quand on découvre ce navet, on se dit que sous le parasol de cette plage, le réalisateur (qui prenait de la bouteille) a dû se taper quelques petits roupillons sans que les acteurs ne s'en aperçoivent ! Ces vacances de friqués qui baladent leur oisiveté et suffisance sur la plage déserte de Jullonville non, loin du Mont Saint-Michel en Normandie sont d'une monotonie affligeante. Et il ne devait pas faire chaud !
Rohmer, pour de vrai Maurice Schérer mort à l'aube de ses 90 ans, affirmait ne pas être un réalisateur mais un auteur. De fait, il est passé de critique derrière à créateur devant la caméra. Il semble ici s'essayer au cinéma "nouvelle vague" selon Truffaut, Godard et autres avant-gardistes originaux qui prétendaient révolutionner le cinéma avec des créations pseudo-intello-contemplatives.
Avec une caméra s'attardant pendant cinq minutes sur une mouche se nettoyant les pattes ou se lustrant les ailes après avoir dégusté du crottin de cheval ! C'était aussi le même cinéma où on subissait des monologues abêtissants genre Brigitte Bardot ahanant intégralement nue : "Tu les aimes mes jambes ? (...) Et mes seins, qu'est-ce que tu en penses de mes seins : elle n'est pas belle ma poitrine ? (...) Et mon cul, comment tu le trouves mon cul ? (...)
J'abrège votre souffrance mais c'est pourtant réel : c'était dans "Le mépris" même si je cite les propos de mémoire. Pour qui le mépris ?
Cette plage c'est à peu près la même ambiance monotone... C'est Rohmer qui a pondu ce scénario lymphatique et ça sent le troisième âge ! Pas les jeunes et leur fureur de vivre. La dynamique est aux abonnés absents et le récit complètement soporifique. Ca sent déjà la retraite. Aucune imagination : une petite bourge divorcée embarque avec elle sa cousine : une gamine sans intérêt, et les deux traînent leur ennui et leur oisiveté sur une plage quasi-déserte en se persuadant qu'elles s'amusent bien.... Pathétique. Sur le sable fin, une marchande ambulante déambule désabusée : elle ne va sûrement pas faire fortune avec la foule.
Et comme les deux nanas s'ennuient et sont quasi nues, et si elles faisaient des galipettes histoire de passer le temps ? Et là l'une retrouve son fiancé d'antan... Et l'autre ballade ses cuisses avec un slip dévoilant la naissance de la fente de son cul ! C'était très tendance à l'époque ! Exciting my dear !
Et là agit probablement le Viagra sur Rohmer, on découvre la jolie Arielle aussi nue qu'Eve au paradis, fugitivement derrière des volets, entr'ouverts comme par hasard, bien sûr. Alleluia se dit-on car beaucoup d'autres scènes de lit se terminent comme au bon vieux temps des films américains pudibonds d'après guerre : avec un gros plan sur la lampe de chevet en train de vaciller. Rohmer serait-il pudique ? Encore que c'est plus ridicule dans les images ici : on voit un des comédiens se glissant hors du lit et rasant le ,plancher pour qu'on ne voie rien de sa précieuse anatomie ! Grand-guignolesque !
Quant aux acteurs, aucun n'entrera au Panthéon des artistes avec ce vaudeville casse-pieds et sans humour. Arielle Dombasle joue faux, empruntée et maniérée comme pas possible. Heureusement, des soins intensifs l'ont améliorée ensuite... Amanda Langlet, un peu popote et boudeuse, n'avait pas ce petit plus qui permet de devenir une star du cinéma. A 52 ans aujourd'hui, on ne l'a plus vue depuis 2008 avec une filmographie sans lustre. On croyait aussi avoir découvert en Simon de la Brosse qui joue ici son premier film, un nouveau talent d'acteur. Après quelques films sans intérêt, il se suicida à l'âge de 33 ans dans l'indifférence et l'oubli. Tragique.
Quant à Atkine, il semble subir son rôle et joue faux : on ne croit pas à sa composition un seul instant.
Ca aurait pu être "la plage aux romantiques" comme la chantait si bien Pascal Danel" . Entre les mains de Rohmer, ça devient la "plage aux neurasthéniques" : Des vacances pourries, tout comme leur fin dans ce film.
Arte le 21.01.2019