Un des Rohmer que l'on pourrait qualifier le plus aisément de marivaudien. Et léger, bavard, charmant, ces épithètes féminines que l'on lui colle avec plus ou moins de sincérité, pour reléguer mon Rohmy au rang de cinéaste mineur. Mineur ? Mais moi ses films j'y vois la vie même.
Rohmer au bord de la mer, Rohmer voileux solitaire, Rohmer timide qui admire la facilité des rencontres balnéaires, salut, on s'est croisé hier devant le glacier, comment tu t'appelles ?
Rohmer ouvre le portail du film-maison de vacances à Arielle Dombasle et lui donne un rôle. Parce que lui sait : que les êtres humains ne sont pas totalité. Jamais idiots, jamais parfaits. Pas de méchants, d'innocents, d'ânes ou d'abrutis. Les gens se laissent vivre. Et la Dombasle parle trop, fait glisser sa voix vers les inflexions les plus crispantes. Puis émerge une phrase intelligente. Hop, une deuxième. Elle est chez Rohmer au mieux de sa forme : poupée Barbie exploitée en tant que telle, poupée Barbie Janus, blondasse, faraude, et fine mouche. Ne croyez jamais que les gens sont des imbéciles parce qu'ils ne vous ressemblent pas. Je respire dans le cinéma de Rohmer une forme de moralité exemplaire, une civilité, une politesse exquise envers le monde.
Rohmer selon les jours, mes humeurs, mes envies, je le tiraille, et l'imagine de toutes les époques, de tous les lieux, de tous les genres. Historien du détail. Aujourd'hui, je le range du côté de Wilde et de l'humour anglais. Quoi de mieux qu'une absence de réponse, qu'une plaisanterie amère dont on ressort plus ou moins indemne?
Je t'aime moi non plus, il ne m'a pas trompé, tu crois que c'est comment d'aimer, les adultes mentent mais pas moi, les histoires d'amour finissent mal, je veux manger une glace, on met un disque?