Pauline s’arrache c’est l’histoire de Pauline, une princesse déchue, cendrillon des temps modernes, comme la chantait Téléphone.
L’approche quasi mythologique par laquelle la réalisatrice Émilie Brivasoine introduit l’histoire de sa belle famille est intéressante, entre fuite du quotidien et déification de l’ordinaire. Symbole d’une banale famille marginale. En effet, le film s’éloigne assez vite du contexte social de Pauline oubliant les différences de ses parents et effaçant son milieu social plutôt modeste pour aller chercher une certaine forme d’universalité certes impossible.
L’amateurisme assumé des images fait beaucoup pour la beauté et l’authenticité du film, transformant ce qui aurait pu être du voyeurisme malsain, comme c’est malheureusement beaucoup trop le cas à la télévision, en moment d’intimité partagé.
Si Pauline est présentée comme le personnage principal du film, la réalisatrice rend également hommage aux autres membres de la famille, la mère, le frère, la sœur, mais surtout le père. Montré dans ses faiblesses et dans ses excès il en devient un personnage attachant. Chantant Double Jeu déguisé en femme il aurait pu attirer les moqueries, mais contextualisé il émeu, au point que cette scène est à mes yeux la plus forte du film. Car oui, si Pauline s’arrache est l’histoire d’une famille qui s’aime comme elle se déteste, c’est aussi l’histoire de la France, d’une France moderne et tolérante et outre le conte de (dé)fée le film raconte une autre mythologie : celle de la France populaire, celle de la pop culture française assumée dans ce qu’elle a de plus beau et sublimée dans ce qu’elle a de pire.