De Claire Devers, je n'avais vu que « Max et Jérémie », thriller déconcertant et plutôt réussi, réalisé il y a trente ans. Cela faisait d'ailleurs seize ans que celle-ci n'avait pas repris le chemin du cinéma, et il semble qu'elle ait malheureusement tout oublié. Comment un tel film a t-il pu être validé ? Dominique Besnehard, habituellement plutôt inspiré à la production, se fourvoie autant que la réalisatrice pour un résultat proprement désastreux. J'ai dû m'y reprendre à quatre (cinq?) fois pour le terminer (oui, j'aurais dû le voir d'une traite pour en être débarrassé : pas faux!). C'est à la limite de l'insupportable. Au-delà du terrible ennui qui se dégage, c'est surtout l'aspect totalement incohérent, grotesque, ridicule des situations qui en devient presque sale, malsain.
Déjà que la brillante idée de situer l'action au Québec avec une majorité d'acteurs locaux non sous-titrés nous empêche régulièrement de comprendre les dialogues, il faut surtout qu'on nous impose une « relation » profs-élèves ne tenant pas la route une seule seconde, où l'on se demande lequel des deux est le plus pathétique : comment Devers a t-elle pu penser que leurs échanges lamentables nous intéresseraient, qui plus est sur un temps aussi long ? Si au moins cela était compensé par une relation touchante entre mari et femme, mais pensez-vous : elle est presque aussi atroce ! Il y a une poignée de personnages qu'on voit passer, semblant intéressants avant de disparaître pour ne jamais revenir, préférant laisser la place à des individus médiocres, pitoyables.
Ça s'arrange un tout petit peu dans la dernière partie avec Stéphane De Groodt : un tout petit peu... Il n'y a rien de beau dans cette histoire régulièrement confuse, que même certains comédiens talentueux ne peuvent sauver un seul instant. Qu'a voulu nous raconter ce film ? Que le monde est moche ? Qu'il n'y a rien à en espérer si ce n'est d'une poignée de gens et pas forcément ceux que l'on aurait imaginé ? Whaou, quelle audace ! Loin d'avoir foi en mes compatriotes, donner une image aussi sordide de l'humanité a quelque chose de gratuit, déplaisant voire profondément malhonnête. On dit du mal pour dire du mal. Pourquoi pas, encore faut-il le talent pour le faire : Claire Devers a visiblement laissé le sien sur un plateau de tournage en 1992... À fuir !