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L'année 2024 débute sous d'heureux auspices avec ce très réussi «Pauvres Créatures», concocté par le talentueux réalisateur Yórgos Lánthimos, et à l'occasion duquel il retrouve l'une des actrices de son précédent (et très réussi aussi) «La Favorite», Emma Stone.


Relecture lointaine et haute en couleurs de l’œuvre de Mary Shelley, et récompensée par le Lion d'Or à la dernière Mostra de Venise, il s'agit là surtout d'un récit sur l'apprentissage et encore plus sur le désir féminin.


Celui de Bella, une jeune femme s'étant suicidée et ayant été ramené à la vie par son "père", le docteur "God"win Baxter.

Une jeune femme "désynchronisée" et sans filtre (mais pas sans intelligence), qui va réapprendre la vie et le monde, en voyageant et en vivant tout, le meilleur comme le pire.

Une jeune femme à la sexualité et à la pensée décomplexées, qui va tracer sa propre route, sans l'aide des hommes autour d'elles, et encore moins de ceux qui lui disent comment elle devrait se comporter selon les bonnes mœurs de la société, ceux qui la considèrent comme une simple expérience, ceux qui veulent la garder enfermée, prisonnière.


Emprunt d'une folie douce constante, combinant décors victoriens et esthétique pastel, et accompagnée d'une musique désaccordée et expérimentale (à l'image de sa protagoniste principale), une œuvre poétique, drôle et déstabilisante qui est portée par un casting des plus solides, de Willem Dafoe, très convaincant en docteur défiguré aux méthodes peu orthodoxes, à Marc Ruffalo, délectable en séducteur lourdaud et très frustré.

Mais LA force principale du film, celle qui vaut presque à elle seule le déplacement n'est autre qu'Emma Stone. Tour-à-tour excentrique et irrévérencieuse, fragile et déterminée, elle fait littéralement des étincelles dans le rôle (son meilleur à ce jour) de cette "Prométhée" moderne et féministe, qui devrait lui valoir très prochainement un second Oscar.


Bref, une fable inventive et singulière sur la reconstruction et le libre-arbitre, une ode intelligente et outrancière à l'émancipation, et le premier film véritablement qualitatif de ce début d'année. 7,5-8/10.

Raphoucinevore
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le 20 janv. 2024

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